Plus de 240.000 Palestiniens de Gaza ont été déplacés de leurs foyers fuyant les frappes israéliennes, annonçait l’ONU mercredi. La plupart d'entre eux avaient trouvé refuge dans des écoles gérées par l'UNRWA.
Après 20 jours de combats, les abris de l'UNRWA dans le nord de la bande de Gaza et dans Gaza-City ont atteint leur capacité maximale. Cinq écoles gérées par l'ONU, abritant des milliers de personnes déplacées, ont été touchées au cours des dernières semaines, faisant des dizaines de morts.
Il n’avait pas pu contenir ses larmes en direct à la télévision, lors d’une interview sur Al Jazeera. Chris Gunness, porte-parole de l’Agence d’aide des nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), basée à Jérusalem, évoque la crise humanitaire à Gaza, dans une interview accordée au WorldPost.
Quelles options reste-t-il aux civils se mettre à l'abri maintenant que les installations de l'UNRWA ont atteint leur capacité maximale?
Nos locaux sont pleins à craquer. Il y a 2.000 à 3.000 personnes par abri en moyenne et le nombre de personnes déplacées continue d'augmenter. Nous serons bientôt dans une situation où des dizaines de milliers de personnes seront dans les rues de Gaza, sans nourriture, ni eau, ni électricité et nulle part où aller.
Le temps n’est plus seulement à l’action humanitaire. A présent, il est temps d’agir politiquement pour mettre un terme aux combats. Les habitants de Gaza ne peuvent pas attendre plus longtemps.
Quatre fois plus de personnes se sont déplacées vers les installations de l'UNRWA dans les dernières semaines qu’au cours du dernier conflit majeur entre Israël et la bande de Gaza, en 2008-2009. Pourquoi tant de déplacés cette fois?
L'armée israélienne a distribué des tracts sur de vastes zones demandant aux habitants de quitter leurs maisons. Vous devez demander au gouvernement israélien pourquoi ils ont décidé de déplacer tous ces gens.
Comment l’UNRWA fait-elle face à cette énorme demande?
Nous sommes débordés. Nous n'avons simplement pas assez de quoi que ce soit. L’UNRWA n'a pas une capacité illimitée pour faire face aux conséquences de ce est en train de produire. Les parties en conflit sont responsables des conséquences de leurs actions militaires sur les civils, en vertu du droit international.
Imaginez ce qui va se passer quand la guerre sera finie. Nous allons avoir plusieurs centaines de milliers de personnes -dont les maisons, pour beaucoup, ont été complètement détruites- coincées dans nos écoles. Ils n’ont nulle part où retourner. Même pour ceux qui ont encore leur maison, il n’y aurait plus d'eau ou d'électricité, car toutes ces installations ont été détruites aussi. Le présent est tragique, mais l'avenir est absolument inimaginable.
Les installations de l'ONU peuvent-elles encore fournir des abris sûrs pour les civils palestiniens dans la bande de Gaza après les récentes attaques contre ses écoles?
Non, absolument pas. À six reprises, cinq infrastructures de l'UNRWA ont été touchées, avec des conséquences profondément tragiques dans deux cas - de nombreux morts et blessés, y compris parmi les femmes et les enfants. Cela montre réellement comment cette guerre est menée au mépris de la vie des civils.
Gaza est une zone de conflit clôturée, ce qui est unique dans les annales des guerres contemporaines. Il n’y a nulle part où se mettre à l’abri et à présent il n'y a nulle part où se cacher.
Israël a affirmé que des groupes de combattants avaient utilisé des infrastructures de l'UNRWA dans la bande de Gaza et a critiqué l'agence pour avoir remis des armes trouvées dans ses locaux aux autorités palestiniennes. Qu'est-ce que l'UNRWA a fait pour empêcher que ses infrastructures ne soient utilisées pour le stockage d’armes ou l’exécution d’opérations des combattants?
Nous avons trouvé des caches d'armes à trois reprises dans des écoles vides que l'UNRWA n'utilise pas fréquemment. Lorsque nous avons trouvé ces armes, nous en avons informé toutes les parties concernées, y compris Israël. Nous avons publiquement condamné cette violation flagrante de notre neutralité et nous avons pris des mesures obligatoires pour toute opération humanitaire de l'ONU partout dans le monde, en dépêchant des démineurs dans le local pour sécuriser la zone. Il fallait impérativement s'assurer que les civils ne soient pas blessés si les armes venaient à exploser.
Cette idée selon laquelle nous les aurions, en quelques sortes, jetées à l'arrière d'un camion ou que nous aurions dû les transporter à travers une zone de conflit et les donner aux Israéliens est absurde. Cela montre à quel point les gens qui nous accusent de ces choses comprennent mal les contraintes d'une organisation humanitaire neutre travaillant sur un champ de bataille.
Quelles sont vos préoccupations concernant l'impact à long terme du conflit à Gaza?
Les perspectives sont absolument épouvantables. Après l'opération ‘Plomb durci’ (le dernier conflit majeur en 2008-2009), des milliards ont été dépensés pour la reconstruction. L’UNRWA était en train de reconstruire quelque 10.000 maisons et abris et 100 écoles, quand ce nouveau round de destruction massive a commencé.
Il est difficile de faire une évaluation correcte avant la fin du conflit. Ce n'est même pas encore fini. Dieu seul sait quand ce sera fini, Dieu sait combien de temps il faudra pour commencer cette reconstruction et Dieu sait combien d'argent il faudra.
Cette interview a été éditée pour plus de clarté (Traduction de l'anglais).
Après 20 jours de combats, les abris de l'UNRWA dans le nord de la bande de Gaza et dans Gaza-City ont atteint leur capacité maximale. Cinq écoles gérées par l'ONU, abritant des milliers de personnes déplacées, ont été touchées au cours des dernières semaines, faisant des dizaines de morts.
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Il n’avait pas pu contenir ses larmes en direct à la télévision, lors d’une interview sur Al Jazeera. Chris Gunness, porte-parole de l’Agence d’aide des nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), basée à Jérusalem, évoque la crise humanitaire à Gaza, dans une interview accordée au WorldPost.
Quelles options reste-t-il aux civils se mettre à l'abri maintenant que les installations de l'UNRWA ont atteint leur capacité maximale?
Nos locaux sont pleins à craquer. Il y a 2.000 à 3.000 personnes par abri en moyenne et le nombre de personnes déplacées continue d'augmenter. Nous serons bientôt dans une situation où des dizaines de milliers de personnes seront dans les rues de Gaza, sans nourriture, ni eau, ni électricité et nulle part où aller.
Le temps n’est plus seulement à l’action humanitaire. A présent, il est temps d’agir politiquement pour mettre un terme aux combats. Les habitants de Gaza ne peuvent pas attendre plus longtemps.
Quatre fois plus de personnes se sont déplacées vers les installations de l'UNRWA dans les dernières semaines qu’au cours du dernier conflit majeur entre Israël et la bande de Gaza, en 2008-2009. Pourquoi tant de déplacés cette fois?
L'armée israélienne a distribué des tracts sur de vastes zones demandant aux habitants de quitter leurs maisons. Vous devez demander au gouvernement israélien pourquoi ils ont décidé de déplacer tous ces gens.
Comment l’UNRWA fait-elle face à cette énorme demande?
Nous sommes débordés. Nous n'avons simplement pas assez de quoi que ce soit. L’UNRWA n'a pas une capacité illimitée pour faire face aux conséquences de ce est en train de produire. Les parties en conflit sont responsables des conséquences de leurs actions militaires sur les civils, en vertu du droit international.
Imaginez ce qui va se passer quand la guerre sera finie. Nous allons avoir plusieurs centaines de milliers de personnes -dont les maisons, pour beaucoup, ont été complètement détruites- coincées dans nos écoles. Ils n’ont nulle part où retourner. Même pour ceux qui ont encore leur maison, il n’y aurait plus d'eau ou d'électricité, car toutes ces installations ont été détruites aussi. Le présent est tragique, mais l'avenir est absolument inimaginable.
Les installations de l'ONU peuvent-elles encore fournir des abris sûrs pour les civils palestiniens dans la bande de Gaza après les récentes attaques contre ses écoles?
Non, absolument pas. À six reprises, cinq infrastructures de l'UNRWA ont été touchées, avec des conséquences profondément tragiques dans deux cas - de nombreux morts et blessés, y compris parmi les femmes et les enfants. Cela montre réellement comment cette guerre est menée au mépris de la vie des civils.
Gaza est une zone de conflit clôturée, ce qui est unique dans les annales des guerres contemporaines. Il n’y a nulle part où se mettre à l’abri et à présent il n'y a nulle part où se cacher.
Israël a affirmé que des groupes de combattants avaient utilisé des infrastructures de l'UNRWA dans la bande de Gaza et a critiqué l'agence pour avoir remis des armes trouvées dans ses locaux aux autorités palestiniennes. Qu'est-ce que l'UNRWA a fait pour empêcher que ses infrastructures ne soient utilisées pour le stockage d’armes ou l’exécution d’opérations des combattants?
Nous avons trouvé des caches d'armes à trois reprises dans des écoles vides que l'UNRWA n'utilise pas fréquemment. Lorsque nous avons trouvé ces armes, nous en avons informé toutes les parties concernées, y compris Israël. Nous avons publiquement condamné cette violation flagrante de notre neutralité et nous avons pris des mesures obligatoires pour toute opération humanitaire de l'ONU partout dans le monde, en dépêchant des démineurs dans le local pour sécuriser la zone. Il fallait impérativement s'assurer que les civils ne soient pas blessés si les armes venaient à exploser.
Cette idée selon laquelle nous les aurions, en quelques sortes, jetées à l'arrière d'un camion ou que nous aurions dû les transporter à travers une zone de conflit et les donner aux Israéliens est absurde. Cela montre à quel point les gens qui nous accusent de ces choses comprennent mal les contraintes d'une organisation humanitaire neutre travaillant sur un champ de bataille.
Quelles sont vos préoccupations concernant l'impact à long terme du conflit à Gaza?
Les perspectives sont absolument épouvantables. Après l'opération ‘Plomb durci’ (le dernier conflit majeur en 2008-2009), des milliards ont été dépensés pour la reconstruction. L’UNRWA était en train de reconstruire quelque 10.000 maisons et abris et 100 écoles, quand ce nouveau round de destruction massive a commencé.
Il est difficile de faire une évaluation correcte avant la fin du conflit. Ce n'est même pas encore fini. Dieu seul sait quand ce sera fini, Dieu sait combien de temps il faudra pour commencer cette reconstruction et Dieu sait combien d'argent il faudra.
Cette interview a été éditée pour plus de clarté (Traduction de l'anglais).
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