30 ans de carrière musicale et toujours la même énergie inoxydable sur scène. Le chanteur sénégalais à la renommée internationale a fait une halte remarquée au Festival international de Carthage pour clôturer sa tournée européenne. Le roi du Mbalax (musique populaire rythmée du Sénégal) n’a pas failli à sa réputation, avec une prestation haute en couleurs, acclamée dans les médias comme l'une des plus réussie de la programmation écoulée du festival.
Youssou N’dour est remonté sur scène après une "pause" de 2 ans pendant lesquels il a été ministre de la Culture et du Tourisme au sein du gouvernement du Président Macky Sall. Mais c’est en tant que ministre-conseiller auprès de son Président qu’il a repris sa passion de toujours pour le plus grand bonheur de ses fans aux quatre coins du monde. Un compromis sur le titre et les prérogatives qui lui permet de trouver l’équilibre entre sa carrière d’artiste et son engagement politique. C’est de cet exercice délicat, mais aussi de rap tunisien, de Gaza et d’autres sujets qu’il a parlé lors d’une interview accordée au HuffPost Maghreb à Tunis.
HuffPost Maghreb: Votre dernier passage au festival de Carthage date de novembre 2011, quelles sont vos premières impressions sur la Tunisie 3 ans plus tard?
Youssou N'dour: Déjà en novembre 2011 je voyais un peu plus de sourires, un peu plus de liberté, un peu plus d’espoir qu'avant. Aujourd’hui cet espoir est toujours au rendez-vous. Les gens se préparent pour affronter la réalité de la démocratie vécue au quotidien. Je sais qu'économiquement c’est très difficile avec la crise qui sévit partout. Mais je pense que les Tunisiens sont aujourd'hui un peuple libéré qui va jouer son rôle chez lui, en Afrique et dans le reste du monde malgré la conjoncture économique.
Voyez-vous des similitudes entre la Tunisie et le Sénégal?
Beaucoup. Comme la Tunisie, Le Sénégal n’a pas de ressources et compte beaucoup sur le tourisme et sur les services. Je pense que la Tunisie est un exemple dans ce sens.
Quand je discute avec les gens je perçois aussi des similarités, bien que la Tunisie soit un peu plus développée et beaucoup plus européanisée.
Les deux pays gagneraient à mieux se connaître et à étoffer leur collaboration. Au niveau artistique par exemple, le festival de Carthage a programmé plusieurs artistes sénégalais, ce n'est pas le cas des festivals sénégalais. Il faut faire plus d’efforts à ce niveau. En tant que ministre conseiller à la Culture j’ai décidé de faire en sorte que nous ayons beaucoup plus de sonorités venant de Tunisie au Sénégal.
Pour moi l’Afrique est une carte. La position géographique des pays change la donne socio-économique et les intérêts, mais je pense qu’on gagnerait à rapprocher la Tunisie et les Tunisiens du reste de l’Afrique.
Beaucoup de gens disent que l’Afrique c’est l’avenir, moi je dis que c’est maintenant, il faut que les forces du nord au sud s'unissent pour que nous soyons le continent du “maintenant”.
Y a-t-il des sonorités tunisiennes qui ont attiré votre attention? Des collaborations futures avec des artistes tunisiens peut-être?
Je pense que de manière générale les pays sont fermés sur leurs musiques locales, mais je viens d’écouter le rap tunisien, c’est quelque chose qui m’a beaucoup parlé. Je pense que ça va beaucoup parler aux Sénégalais aussi. J'aimerais collaborer avec des jeunes tunisiens qui écrivent et chantent du rap, parce que c’est très fort! Je pense même que j’ai trouvé!
Vous pensez à un artiste en particulier?
J’ai beaucoup aimé Houmani, je ne lâcherai pas ça!
LIRE AUSSI: Le mot de l'année 2013 en Tunisie: "Houmani"!
Tout le monde connaît Youssou N'dour l'artiste, peu de gens connaissent le patron de presse ou encore l'homme politique, ministre conseiller auprès du Président Macky Sall. Comment arrivez-vous à trouver l’équilibre entre toutes ces activités? N'y a-t-il pas un conflit d'intérêts?
Ce n’était pas un projet mais le tout va ensemble. Les choses sont venues naturellement. L’histoire de la presse est née d'une volonté de donner le micro aux gens sans voix. Nous avons crée le groupe Futur Média qui a pris de l’ampleur et qui emploie aujourd’hui plus de 650 personnes. Nous avons un quotidien qui tire à 90 000 exemplaires par jour, la première radio et la première télé. Je suis président du conseil d’administration et je fais confiance à des journalistes professionnels qui prennent leurs responsabilités. Le fait que je sois au gouvernement ne change rien vu que je n’interviens ni dans la ligne éditoriale ni dans la programmation. A vrai dire, ce groupe de presse me rend très fier.
La politique est arrivée dans ma vie par accident. Comme activiste j’ai suivi la déliquescence de l’ancien régime. Il fallait dire non. J’étais moi-même candidat, mais ma liste a été invalidée. J’ai choisi par la suite de faire une coalition avec Macky Sall et lorsque nous avons gagné j’ai été nommé ministre de la Culture et du Tourisme. C’est ainsi qu’avec ma petite expérience, ma vision et mon réseau, j’ai pu mettre en place des plans qui seront utiles et favorables pour l’avenir du Sénégal.
Et si vous deviez choisir entre la politique et la musique?
Je suis un artiste et je suis un homme politique. Les deux sont désormais inséparables.
Après une pause de deux ans, j’ai ressenti le manque de la musique, j’en ai discuté avec le Président Macky Sall et j'ai pu reprendre la route en devenant conseiller après avoir été ministre à part entière. Je boucle ma tournée européenne ici, avant de redémarrer aux Etats-Unis au mois de Septembre. Ça ne m’empêche pas de continuer à conseiller le Président et à suivre ce qui se passe sur la scène politique sénégalaise. Tout se passe très bien et ça me plait ainsi.
L'activiste pour la paix et l'homme politique que vous êtes aujourd'hui suit certainement ce qui ce passe à Gaza, qu'en pensez-vous?
Le Sénégal a toujours prôné la paix et joué son rôle pour le règlement des conflits. Personnellement, je pense qu’il y a déjà trop de morts. Tous les jours il y a des enfants qui perdent la vie, c’est inadmissible! Il faut que les deux camps comprennent que géographiquement ils sont liés, c'est une même famille, personne ne peut leur reprocher de laver leur linge sale, mais il faut qu’ils trouvent une manière de cohabiter pacifiquement.
Je suis de tout cœur avec les Palestiniens qui souffrent et je suis aussi de tout cœur avec les gens qui prônent la paix. Il faut reconnaître qu’en Israël il y a également beaucoup de gens pour la paix. Je pense que ces-derniers doivent monter en puissance et occuper le terrain.
LIRE AUSSI: Écrivains, chanteurs, sportifs: Ils se sont présentés aux élections présidentielles
Youssou N’dour est remonté sur scène après une "pause" de 2 ans pendant lesquels il a été ministre de la Culture et du Tourisme au sein du gouvernement du Président Macky Sall. Mais c’est en tant que ministre-conseiller auprès de son Président qu’il a repris sa passion de toujours pour le plus grand bonheur de ses fans aux quatre coins du monde. Un compromis sur le titre et les prérogatives qui lui permet de trouver l’équilibre entre sa carrière d’artiste et son engagement politique. C’est de cet exercice délicat, mais aussi de rap tunisien, de Gaza et d’autres sujets qu’il a parlé lors d’une interview accordée au HuffPost Maghreb à Tunis.
HuffPost Maghreb: Votre dernier passage au festival de Carthage date de novembre 2011, quelles sont vos premières impressions sur la Tunisie 3 ans plus tard?
Youssou N'dour: Déjà en novembre 2011 je voyais un peu plus de sourires, un peu plus de liberté, un peu plus d’espoir qu'avant. Aujourd’hui cet espoir est toujours au rendez-vous. Les gens se préparent pour affronter la réalité de la démocratie vécue au quotidien. Je sais qu'économiquement c’est très difficile avec la crise qui sévit partout. Mais je pense que les Tunisiens sont aujourd'hui un peuple libéré qui va jouer son rôle chez lui, en Afrique et dans le reste du monde malgré la conjoncture économique.
Voyez-vous des similitudes entre la Tunisie et le Sénégal?
Beaucoup. Comme la Tunisie, Le Sénégal n’a pas de ressources et compte beaucoup sur le tourisme et sur les services. Je pense que la Tunisie est un exemple dans ce sens.
Quand je discute avec les gens je perçois aussi des similarités, bien que la Tunisie soit un peu plus développée et beaucoup plus européanisée.
Les deux pays gagneraient à mieux se connaître et à étoffer leur collaboration. Au niveau artistique par exemple, le festival de Carthage a programmé plusieurs artistes sénégalais, ce n'est pas le cas des festivals sénégalais. Il faut faire plus d’efforts à ce niveau. En tant que ministre conseiller à la Culture j’ai décidé de faire en sorte que nous ayons beaucoup plus de sonorités venant de Tunisie au Sénégal.
Pour moi l’Afrique est une carte. La position géographique des pays change la donne socio-économique et les intérêts, mais je pense qu’on gagnerait à rapprocher la Tunisie et les Tunisiens du reste de l’Afrique.
Beaucoup de gens disent que l’Afrique c’est l’avenir, moi je dis que c’est maintenant, il faut que les forces du nord au sud s'unissent pour que nous soyons le continent du “maintenant”.
Y a-t-il des sonorités tunisiennes qui ont attiré votre attention? Des collaborations futures avec des artistes tunisiens peut-être?
Je pense que de manière générale les pays sont fermés sur leurs musiques locales, mais je viens d’écouter le rap tunisien, c’est quelque chose qui m’a beaucoup parlé. Je pense que ça va beaucoup parler aux Sénégalais aussi. J'aimerais collaborer avec des jeunes tunisiens qui écrivent et chantent du rap, parce que c’est très fort! Je pense même que j’ai trouvé!
Vous pensez à un artiste en particulier?
J’ai beaucoup aimé Houmani, je ne lâcherai pas ça!
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Tout le monde connaît Youssou N'dour l'artiste, peu de gens connaissent le patron de presse ou encore l'homme politique, ministre conseiller auprès du Président Macky Sall. Comment arrivez-vous à trouver l’équilibre entre toutes ces activités? N'y a-t-il pas un conflit d'intérêts?
Ce n’était pas un projet mais le tout va ensemble. Les choses sont venues naturellement. L’histoire de la presse est née d'une volonté de donner le micro aux gens sans voix. Nous avons crée le groupe Futur Média qui a pris de l’ampleur et qui emploie aujourd’hui plus de 650 personnes. Nous avons un quotidien qui tire à 90 000 exemplaires par jour, la première radio et la première télé. Je suis président du conseil d’administration et je fais confiance à des journalistes professionnels qui prennent leurs responsabilités. Le fait que je sois au gouvernement ne change rien vu que je n’interviens ni dans la ligne éditoriale ni dans la programmation. A vrai dire, ce groupe de presse me rend très fier.
La politique est arrivée dans ma vie par accident. Comme activiste j’ai suivi la déliquescence de l’ancien régime. Il fallait dire non. J’étais moi-même candidat, mais ma liste a été invalidée. J’ai choisi par la suite de faire une coalition avec Macky Sall et lorsque nous avons gagné j’ai été nommé ministre de la Culture et du Tourisme. C’est ainsi qu’avec ma petite expérience, ma vision et mon réseau, j’ai pu mettre en place des plans qui seront utiles et favorables pour l’avenir du Sénégal.
Et si vous deviez choisir entre la politique et la musique?
Je suis un artiste et je suis un homme politique. Les deux sont désormais inséparables.
Après une pause de deux ans, j’ai ressenti le manque de la musique, j’en ai discuté avec le Président Macky Sall et j'ai pu reprendre la route en devenant conseiller après avoir été ministre à part entière. Je boucle ma tournée européenne ici, avant de redémarrer aux Etats-Unis au mois de Septembre. Ça ne m’empêche pas de continuer à conseiller le Président et à suivre ce qui se passe sur la scène politique sénégalaise. Tout se passe très bien et ça me plait ainsi.
L'activiste pour la paix et l'homme politique que vous êtes aujourd'hui suit certainement ce qui ce passe à Gaza, qu'en pensez-vous?
Le Sénégal a toujours prôné la paix et joué son rôle pour le règlement des conflits. Personnellement, je pense qu’il y a déjà trop de morts. Tous les jours il y a des enfants qui perdent la vie, c’est inadmissible! Il faut que les deux camps comprennent que géographiquement ils sont liés, c'est une même famille, personne ne peut leur reprocher de laver leur linge sale, mais il faut qu’ils trouvent une manière de cohabiter pacifiquement.
Je suis de tout cœur avec les Palestiniens qui souffrent et je suis aussi de tout cœur avec les gens qui prônent la paix. Il faut reconnaître qu’en Israël il y a également beaucoup de gens pour la paix. Je pense que ces-derniers doivent monter en puissance et occuper le terrain.
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