La Tunisie élira cet automne son premier gouvernement stable depuis la révolution du 14 janvier 2011.
Avant cet événement historique, la Tunisie moderne était dominée par un parti unique. Mais au cours des trois dernières années, une floraison de partis politiques a transformé le paysage.
Les prochaines élections sont à cet égard cruciales pour les partis, desquels viennent la plupart de candidats, pour déterminer le présent et l'avenir de la Tunisie.
Le succès ou l'échec dépendent surtout de la capacité des partis politiques à représenter et à répondre aux besoins de la jeunesse tunisienne.
Ils ont déjà eu un impact considérable sur la formation du nouvel état tunisien. La grande majorité des membres de l'Assemblée Nationale Constituante et les leaders du Dialogue National y appartiennent.
Bien que ces contributions soient relativement importantes, les leaders politiques et leurs activistes ont tendance à penser que l'essentiel reste à faire.
Pourtant, afin de mettre en pratique leur programme politique, les partis doivent d'abord se faire élire.
L'un des facteurs les plus décisifs pour déterminer celui qui va gagner le prochain mandat est celui du vote des jeunes. Environ 60% des tunisiens ont moins de 35 ans et 37% de la population a entre 15 et 35 ans. Les jeunes font donc figures de grands électeurs.
Avant de savoir qui va remporter le vote des jeunes, il faut connaître leur taux de participation. Nous sommes en effet loin de la révolution de 2011, lorsque les jeunes, au faite de leur puissance semblaient mener le jeu.
J'ai passé l'été en Tunisie afin de faire mon mémoire de recherche au sujet du rôle des jeunes dans la transition politique en Tunisie (avec le support de la Fletcher School de Tufts University).
J'ai interrogé des centaines de militants de partis politiques, la société civile, le gouvernement et les médias.
Presque tous les jours, j'ai entendu le mot "ouzouf" au moins une fois par jour, pour décrire les sentiments des jeunes envers le processus électoral en Tunisie.
Même ceux qui sont très actifs dans la société civile et les partis politiques m'ont dit souvent qu'ils s'attendaient à un faible taux de participation. Les statistiques confirment ce point de vue: les jeunes se sont pas précipités vers les urnes en 2011, et cette année, ils seront encore moins.
Un certain nombre de facteurs expliquent le manque de représentation des jeunes dans la politique tunisienne. Le plus important est sans doute la persistance des élites du passé.
La plupart des grands partis tunisiens ont été constitués sous un régime autoritaire. Sans aucune possibilité de cultiver un réseau pour leur base ou pour la communication de masse, ils se sont formés dans de petites cellules de militants, souvent en exil.
Quelle ironie de voir que ces caractéristiques qui garantissaient leur sécurité sous la dictature provoquent aujourd'hui leur isolement dans une société démocratique!
Les partis tentent de s'adapter au nouvel environnement politique, avec des succès relatifs. Mais l'influence de l'ère de l'autoritarisme persiste.
La scène politique tunisienne est également limitée par l'absence d'expérience politique, qu'il s'agisse de participation au gouvernement ou d'autres formes d'action publique. À l'exception des partis de la Troïka, les électeurs ne peuvent pas juger de la compétence des partis. Et même les partis de la Troïka ont une très petite marge de manœuvre, en raison des pouvoirs limités du gouvernement provisoire et du processus de transition.
En conséquence, le débat politique se concentre sur la personnalité, l'idéologie, le militantisme pendant l'ère de Ben Ali et l'ancien régime, parce qu'il y a peu d'autres choses à évoquer.
Les divisions principales entre les partis politiques sont théoriques, ou personnelles, ou sociales.
C'est donc sans surprise que beaucoup de Tunisiens ont revu leurs espoirs à la baisse.
En effet, ceux qui avaient besoin de changement politique sont, sans doute, les moins touchés par les évènements des trois dernières années. La nouvelle classe politique a hérité d'une économie stagnante avec des possibilités d'emploi limitées pour les nombreux jeunes chômeurs.
Les inégalités de développement entre les régions et les classes ne font qu'exacerber les tensions sociales.
"Les marginalisés de la Tunisie" comme je les appelle, le sont encore, et aucun effort de la classe politique n'a encore répondu à leurs besoins. C'est particulièrement vrai pour ce qui est de la jeunesse tunisienne qui présente un grand nombre de chômeurs, et qui a peu (ou pas) de lien avec les débats idéologiques de ces dernières décennies occupant les anciennes figures de la politique tunisienne.
Cette année, les jeunes semblent déçus, ils ne se sentent pas représentés par la classe politique actuelle.
Afin qu'ils puissent gagner lors des prochaines élections, les partis devront attirer le vote des jeunes. Il faut parler aux jeunes des questions pertinentes, et il faut offrir aux jeunes l'occasion de s'engager de façon significative dans le processus politique.
Mais cet engagement ne doit pas être uniquement à des fins électoralistes. Les jeunes tunisiens et tunisiennes sont la clé du progrès sur tous les fronts de la société.
Fournir aux jeunes du travail stimulera la croissance économique et améliorera la qualité de la vie pour tout le peuple tunisien.
Les prochains leaders de la Tunisie sont les jeunes d'aujourd'hui.
Si la démocratie tunisienne réussit, les jeunes devront continuer à valoriser ces principes.
L'expérience en matière de leadership politique et de la gouvernance améliorera le potentiel des jeunes leaders et de la nation. L'engagement des jeunes sera un ingrédient essentiel pour la réussite du pays.
Avant cet événement historique, la Tunisie moderne était dominée par un parti unique. Mais au cours des trois dernières années, une floraison de partis politiques a transformé le paysage.
Les prochaines élections sont à cet égard cruciales pour les partis, desquels viennent la plupart de candidats, pour déterminer le présent et l'avenir de la Tunisie.
Le succès ou l'échec dépendent surtout de la capacité des partis politiques à représenter et à répondre aux besoins de la jeunesse tunisienne.
Ils ont déjà eu un impact considérable sur la formation du nouvel état tunisien. La grande majorité des membres de l'Assemblée Nationale Constituante et les leaders du Dialogue National y appartiennent.
Bien que ces contributions soient relativement importantes, les leaders politiques et leurs activistes ont tendance à penser que l'essentiel reste à faire.
Pourtant, afin de mettre en pratique leur programme politique, les partis doivent d'abord se faire élire.
L'un des facteurs les plus décisifs pour déterminer celui qui va gagner le prochain mandat est celui du vote des jeunes. Environ 60% des tunisiens ont moins de 35 ans et 37% de la population a entre 15 et 35 ans. Les jeunes font donc figures de grands électeurs.
Avant de savoir qui va remporter le vote des jeunes, il faut connaître leur taux de participation. Nous sommes en effet loin de la révolution de 2011, lorsque les jeunes, au faite de leur puissance semblaient mener le jeu.
J'ai passé l'été en Tunisie afin de faire mon mémoire de recherche au sujet du rôle des jeunes dans la transition politique en Tunisie (avec le support de la Fletcher School de Tufts University).
J'ai interrogé des centaines de militants de partis politiques, la société civile, le gouvernement et les médias.
Presque tous les jours, j'ai entendu le mot "ouzouf" au moins une fois par jour, pour décrire les sentiments des jeunes envers le processus électoral en Tunisie.
Même ceux qui sont très actifs dans la société civile et les partis politiques m'ont dit souvent qu'ils s'attendaient à un faible taux de participation. Les statistiques confirment ce point de vue: les jeunes se sont pas précipités vers les urnes en 2011, et cette année, ils seront encore moins.
Alors pourquoi cette abstention? Il ne manque pas de jeunes capables d'entrer dans la vie politique. Mais au plus haut niveau de la classe politique, les jeunes ont peu d'influence. Parmi les activistes interrogés, même ceux qui ont atteint une position privilégiée dans un parti donné reconnaissent que leur âge les privent souvent d'avoir du poids lors des décisions finales.
Un certain nombre de facteurs expliquent le manque de représentation des jeunes dans la politique tunisienne. Le plus important est sans doute la persistance des élites du passé.
La plupart des grands partis tunisiens ont été constitués sous un régime autoritaire. Sans aucune possibilité de cultiver un réseau pour leur base ou pour la communication de masse, ils se sont formés dans de petites cellules de militants, souvent en exil.
Quelle ironie de voir que ces caractéristiques qui garantissaient leur sécurité sous la dictature provoquent aujourd'hui leur isolement dans une société démocratique!
Les partis tentent de s'adapter au nouvel environnement politique, avec des succès relatifs. Mais l'influence de l'ère de l'autoritarisme persiste.
La scène politique tunisienne est également limitée par l'absence d'expérience politique, qu'il s'agisse de participation au gouvernement ou d'autres formes d'action publique. À l'exception des partis de la Troïka, les électeurs ne peuvent pas juger de la compétence des partis. Et même les partis de la Troïka ont une très petite marge de manœuvre, en raison des pouvoirs limités du gouvernement provisoire et du processus de transition.
En conséquence, le débat politique se concentre sur la personnalité, l'idéologie, le militantisme pendant l'ère de Ben Ali et l'ancien régime, parce qu'il y a peu d'autres choses à évoquer.
Les divisions principales entre les partis politiques sont théoriques, ou personnelles, ou sociales.
C'est donc sans surprise que beaucoup de Tunisiens ont revu leurs espoirs à la baisse.
En effet, ceux qui avaient besoin de changement politique sont, sans doute, les moins touchés par les évènements des trois dernières années. La nouvelle classe politique a hérité d'une économie stagnante avec des possibilités d'emploi limitées pour les nombreux jeunes chômeurs.
Les inégalités de développement entre les régions et les classes ne font qu'exacerber les tensions sociales.
"Les marginalisés de la Tunisie" comme je les appelle, le sont encore, et aucun effort de la classe politique n'a encore répondu à leurs besoins. C'est particulièrement vrai pour ce qui est de la jeunesse tunisienne qui présente un grand nombre de chômeurs, et qui a peu (ou pas) de lien avec les débats idéologiques de ces dernières décennies occupant les anciennes figures de la politique tunisienne.
Cette année, les jeunes semblent déçus, ils ne se sentent pas représentés par la classe politique actuelle.
Afin qu'ils puissent gagner lors des prochaines élections, les partis devront attirer le vote des jeunes. Il faut parler aux jeunes des questions pertinentes, et il faut offrir aux jeunes l'occasion de s'engager de façon significative dans le processus politique.
Mais cet engagement ne doit pas être uniquement à des fins électoralistes. Les jeunes tunisiens et tunisiennes sont la clé du progrès sur tous les fronts de la société.
Fournir aux jeunes du travail stimulera la croissance économique et améliorera la qualité de la vie pour tout le peuple tunisien.
Les prochains leaders de la Tunisie sont les jeunes d'aujourd'hui.
Si la démocratie tunisienne réussit, les jeunes devront continuer à valoriser ces principes.
L'expérience en matière de leadership politique et de la gouvernance améliorera le potentiel des jeunes leaders et de la nation. L'engagement des jeunes sera un ingrédient essentiel pour la réussite du pays.
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