"Il n'est pas contraire à la raison de préférer la destruction du monde entier à l'égratignure de mon doigt". David Hume
Quelques heures seulement nous séparent désormais de l'instant de vote. Pourtant, beaucoup d'entre nous ne savent pas pour qui voter. Plus encore, ils ne savent pas choisir un motif qui les guidera vers la sélection du parti pour qui ils vont finalement voter.
Hésitations, questionnements, sondages auprès de l'entourage, ces tunisiens n'arrivent pas à trancher: Voter utile, voter pour sanctionner ou bien voter par conviction?
En effet, sur les réseaux sociaux et Internet, nombre d'intervenants invitent les électeurs à voter utile. Mais, qu'est-ce que le vote utile? Ce type de votes est recommandé dans le cas où la scène politique présente une forte bipolarisation: On incite alors les citoyens à voter pour l'un des deux grands partis dont ils se sentent le plus proches au lieu de voter pour le parti qui représente au mieux leurs sensibilités. Le vote utile contribuerait ainsi à éviter l'éparpillement des voix et un résultat électoral perçu comme désastreux pour le pays.
Toutefois, ce vote peut nuire aux principes démocratiques dans la mesure où il détourne l'essence des élections censées représentées une occasion d'exprimer librement son opinion, l'appel au vote utile n'étant qu'un consensus qui contrôle cette expression.
Quant au vote sanction, il s'agit là d'un non-sens. Toute action de vote est, non seulement, l'expression d'une opinion libre, mais également un acte de sanction : on sanctionne ceux qu'on juge incompétents, faibles, dangereux ou bien ceux qu'on considère comme en déphasage total avec nos aspirations et nos idées. Il reste que le vote sanction n'induit pas forcement le fait de voter, en parallèle, pour un parti désiré. C'est un vote qui a pour finalité de punir le parti ou bien la coalition au pouvoir.
Dans un système pluraliste, le vote de conviction est brossé comme la manifestation de la vertu démocratique. Et pour cause, il serait l'expression de l'authenticité : voter sans se laisser influencer par un quelconque appel de l'extérieur et sans se laisser guider par les choix des autres, c'est l'idéal vers lequel aspirent ceux qui se posent des questions d'ordre ontologique de type: politiquement parlant, qui suis-je? Quel motif de vote irait le plus avec mes croyances et mes valeurs? Qu'est ce qui compte le plus pour moi : voter pour le parti qui me représente le plus ou bien empêcher le parti - dont je suis intimement convaincu de sa défaillance et de sa dangerosité - d'être élu?
Aussi, le vote de conviction peut se révéler être un vote utile. Les électeurs stratégiques se révèlent être, en réalité, aussi authentiques que les électeurs convaincus. Plus encore, les électeurs stratégiques sont fidèles à leurs croyances : ils votent en fonction de la probabilité qu'ils seront satisfaits, plus tard, de la politique publique menée par le parti élu et de façon à maximiser les chances que cette politique soit en accord avec leurs convictions et bénéfique pour le pays. Le vote de conviction est ainsi l'expression d'un individualisme qui cherche la satisfaction individuelle et d'un altruisme qui cherche à éviter le "pire" pour la communauté.
Maintenant, à vous de choisir ...
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