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La Tunisie est immunodéprimée. Trouvez son traitement, monsieur Jomaâ.

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En 2011, mettre le feu à un poste de police était considéré comme un acte révolutionnaire. Même avec les procès intentés contre Saber Mraihi ou Fathi Jellali, on a pu lever le caractère "criminel" de ces actes basé sur le contexte. Il y avait une excuse plausible vu que la bataille était menée contre un système policier. S'attaquer à son talent d'Achille était donc le seul moyen de le déstabiliser.

Maintenant et malgré tout, la Tunisie a franchi un bon pas vers la démocratie. On a assez perdu d'icônes politiques, de militaires, ou encore d'agents de forces de l'ordre en un temps record. Sur ce rythme, la garde nationale et les militaires finiront par lâcher prise et épuiser leur force, leur financement et leur équipement avec les raids aériens contre des terroristes qu'on n'arrive toujours pas à cerner.

Ce qui se passe actuellement dans les quartiers populaires et sur les frontières n'est toujours pas clair. Contre qui manifestent-ils, pour quelles raisons exactement et pourquoi tant d'acharnement? Des questions qui sont jusqu'à présent sans réponses, mais une chose est sûre: même s'il y a de la colère contre le gouvernement démissionnaire et la mauvaise gestion des manifestations de la part de la police, cette succession d'incidents violents qui parcourent les zones vulnérables de la Tunisie ne peuvent être qu'une bonne opportunité pour les prédateurs, les terroristes et les trafiquants d'armes pour se faufiler et s'installer dans leur tanière en attendant le moment opportun, tandis que tout le monde, surtout les forces de l'ordre, est occupé.

Après presque six mois du deuxième assassinat politique, s'installera dans quelques jours un nouveau gouvernement dont le chef a été désigné consensuellement suite à un dialogue national sur lequel les Tunisiens ont beaucoup misé. Mr Mehdi Jomâa.

L'héritage à M.Jomâa est certainement très lourd, mais ce dernier doit se montrer à la hauteur de cette responsabilité. Premier objectif: instaurer la sécurité. Les Tunisiens sont morts de trouille, les investisseurs se retirent de plus en plus, les notes sont à la baisse. Bref, rien ne va et c'est, d'une façon ou d'une autre, lié à la sécurité.

Retour sur le petit Destour. Mr Jomâa étant le chef du gouvernement, il aura de vastes prérogatives pour prendre des décisions déterminantes pendant son mandat jusqu'aux prochaines élections. La Tunisie ne supporte plus l'expérimentation qui a été exercée par ses prédécesseurs. Il faut passer directement à l'acte en ayant recours aux compétences des jeunes indépendants, car nous avons vraiment besoin d'un gouvernement qui se concentre sur les priorités du pays sans rentrer dans des querelles politiques compromettantes.

Il faut surtout reprendre la main dans les quartiers où l'Etat est quasi absent et où prolifèrent les réseaux d'Ansar Charia et les délinquants en sursis: cité Tahamon, M'nihla, Kabbareya, Dubosville, Jebal Lahmar, Kairouan, les zones de libre-échange avec l'Algérie, les zones frontières du Sud, etc. Sans vouloir offenser les simples habitants de ces quartiers qui se sont retrouvés forcés à rester dans des milieux invivables sans que l'Etat puisse intervenir efficacement.

En tant qu'anesthésiste, je vous parlerai, monsieur le Ministre, avec mon langage: Il faut traiter radicalement la cause de cette vulnérabilité et non pas les symptômes, sinon les terroristes ne tarderont pas à envahir tout l'organisme et à gangréner le reste du pays dans ses zones de faiblesse. La Tunisie est immunodéprimée, trouvez son traitement.

La sécurité est notre premier objectif. Le reste viendra tout seul.

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