L'Histoire retiendra surtout que Socrate aura été ainsi le premier à poser, en les termes les plus éloquents, le grand débat encore largement ouvert sur l'articulation du Savoir et de la Politique. Cette même Histoire nous enseigne aussi que la plupart des régimes autoritaires, de quelque nature qu'ils soient, ont toujours tenu, en fin de compte, à se concilier, d'une manière ou d'une autre, ceux qu'ils considéraient comme les ''Tenants du Savoir''.
De leur coté, ces Tenants du Savoir, dont l'Histoire retiendra les nobles et rares figures, qui avaient affiché leur résistance et leur dignité - certains les ont payé de leur vie - alors que d'autres, plus nombreux, n'ont pas su résister longtemps à ''l'appel des sirènes'', s'étaient même précipités au devant, et avaient répondu, non sans flagornerie, aux moindres sollicitations des pouvoirs en place, quelle qu'en fut l'envergure.
A l'échelle des temps modernes, les choses sont devenues infiniment plus complexes et une analyse aussi schématique que la précédente ne pourrait qu'en cerner assez approximativement les divers aspects. Les prodigieuses avancées scientifiques et technologiques des deux derniers siècles et les considérables transformations sociétales qui les ont accompagnés, dans les pays industrialisés, ont donné naissance à des Prédateurs d'un nouveau genre. Grands capitaines d'industries, contrôlant parfois d'immenses pôles économiques et financiers par l'intermédiaire de réseaux de lobbying de plus en plus agissants et complexes, ils entretiennent avec les ''Tenants du Savoir'' des rapports étroits, multiples et ambigus, souvent difficiles à cerner. Mais ''ces puissances de l'argent '' telles que les appelle F.Mitterrand se révèlent tout aussi porteurs de dérives néfastes et de tentations irrésistibles. Il faut bien cependant constater et concéder que parmi eux existent aussi des entrepreneurs et des inventeurs dont les pressions, les subventions et les ''investissements'', deviennent de plus en plus présents et de plus en plus indispensables à la poursuite des travaux des chercheurs et des scientifiques de haut niveau.
Le pouvoir de ces nouveaux Prédateurs est en extension continue et dans les circonstances actuelles, seul un pouvoir politique légitime et fort, prenant appui sur un consensus large et solide, aussi indépendant que possible, peut en limiter les effets péjoratifs et veiller à maintenir un état d'équilibre fragile certes, mais tout aussi bénéfique et promoteur de progrès.
Les indéniables efforts déployés actuellement par les ''Révolutionnaires tunisiens''- disons par la classe politique tunisienne - pour donner corps à ce gouvernement dit des ''compétences'' et des indépendances, ne sauraient rester totalement indifférents, en dépit de l'immense éloignement historique et des gigantesques divergences sociétales, à ces concepts socratiques de la souveraineté basée sur une ''Connaissance de la Vérité et du Savoir '', que l'on peut intégrer aujourd'hui sans problème, dans le langage moderne, sous forme de compétence, d'expertise et savoir-faire.
On ne peut s'empêcher de voir cette orientation se dessiner clairement, dans les pays démocratiquement évolués où la constitution d'un gouvernement obéit à des critères clairs ou tacites, universellement admis. Car indépendamment du soutien politique, absolument indispensable à n'importe quel gouvernement, quel qu'en soit la nature, de compétences indépendantes, transitoire ou classique, il est de plus en plus demandé à ses membres d'être pourvus de multiples qualités, diverses et difficiles à réunir, certaines évidentes, d'autres tacitement entendues.
La moins discutée de ces qualités réside sûrement dans l'exigence d'une formation de haut niveau jointe à une culture générale appréciable axées sur l'intérêt pour les affaires publiques. Cela ne stipule pas tant une compétence pointue dans un domaine spécialisé, qu'une aptitude à pouvoir en contrôler les effets. Le militantisme politique à lui seul, quels que soient les sacrifices consentis, respectables par ailleurs, même assortis de qualités oratoires évidentes, ne suffit plus, dans un pays moderne, à la qualification exigée d'un membre de gouvernement.
Ces notions évoquées ici de façon quelque peu clairsemée et schématique nous semblent malgré tout, avoir été prises souvent en considération dans les réflexions de ceux de notre classe politique qui délibèrent sur la constitution du gouvernement ; elles concernent autant un gouvernement transitoire dit indépendant et de compétences qu'un gouvernement normal issu d'une majorité électorale.
Socrate n'écarte nullement l'obligation que le pouvoir démocratique soit basé sur une majorité politique légitime, mais cette majorité doit, selon lui, tirer sa légitimité d'une reconnaissance de la ''Vérité et du Savoir'', elle doit tout naturellement se référer et symboliser même une société instruite, informée, libre de s'exprimer et engagée.
Notre société a pu démontrer, lors des rares ''fulgurances'', disons des périodes fastes, qui ont éclairé sa révolution, qu'elle disposait des aptitudes voulues pour franchir, sans grands dommages, les étapes difficiles menant vers ce qui représente l'objectif essentiel de la Démocratie moderne.
Il faut bien constater, d'un autre coté, que sa progression marque réellement le pas, en ces jours pénibles. S'agit-il d'une évaluation déficiente ou d'une appréciation très approximative des obstacles multiples, imprévisibles et divers, de toute nature, venant de plusieurs sources et allant dans toutes les directions, qui se sont accumulés en travers de sa route?
Toujours est-il que les débats sérieux du point de départ se sont peu à peu effilochés, laissant la place à des polémiques interminables et agaçantes. Ils ont surtout abouti au niveau de notre population à une indifférence expansive et à une lassitude généralisée.
Le pourrissement nocif qui menace inévitablement, au bout de ce chemin tortueux, constituerait la plus lourde erreur pour la Révolution et entraînerait des dommages irréparables, même pour ceux qui auraient ''souhaité'' ce pourrissement horrible. Nous sommes encore très nombreux, ici en Tunisie et à l'étranger, à penser que les Tunisiens ont démontré qu'ils disposaient des potentialités nécessaires pour redresser le cap et éviter le naufrage.
LIRE AUSSI La première partie
De leur coté, ces Tenants du Savoir, dont l'Histoire retiendra les nobles et rares figures, qui avaient affiché leur résistance et leur dignité - certains les ont payé de leur vie - alors que d'autres, plus nombreux, n'ont pas su résister longtemps à ''l'appel des sirènes'', s'étaient même précipités au devant, et avaient répondu, non sans flagornerie, aux moindres sollicitations des pouvoirs en place, quelle qu'en fut l'envergure.
A l'échelle des temps modernes, les choses sont devenues infiniment plus complexes et une analyse aussi schématique que la précédente ne pourrait qu'en cerner assez approximativement les divers aspects. Les prodigieuses avancées scientifiques et technologiques des deux derniers siècles et les considérables transformations sociétales qui les ont accompagnés, dans les pays industrialisés, ont donné naissance à des Prédateurs d'un nouveau genre. Grands capitaines d'industries, contrôlant parfois d'immenses pôles économiques et financiers par l'intermédiaire de réseaux de lobbying de plus en plus agissants et complexes, ils entretiennent avec les ''Tenants du Savoir'' des rapports étroits, multiples et ambigus, souvent difficiles à cerner. Mais ''ces puissances de l'argent '' telles que les appelle F.Mitterrand se révèlent tout aussi porteurs de dérives néfastes et de tentations irrésistibles. Il faut bien cependant constater et concéder que parmi eux existent aussi des entrepreneurs et des inventeurs dont les pressions, les subventions et les ''investissements'', deviennent de plus en plus présents et de plus en plus indispensables à la poursuite des travaux des chercheurs et des scientifiques de haut niveau.
Le pouvoir de ces nouveaux Prédateurs est en extension continue et dans les circonstances actuelles, seul un pouvoir politique légitime et fort, prenant appui sur un consensus large et solide, aussi indépendant que possible, peut en limiter les effets péjoratifs et veiller à maintenir un état d'équilibre fragile certes, mais tout aussi bénéfique et promoteur de progrès.
Les indéniables efforts déployés actuellement par les ''Révolutionnaires tunisiens''- disons par la classe politique tunisienne - pour donner corps à ce gouvernement dit des ''compétences'' et des indépendances, ne sauraient rester totalement indifférents, en dépit de l'immense éloignement historique et des gigantesques divergences sociétales, à ces concepts socratiques de la souveraineté basée sur une ''Connaissance de la Vérité et du Savoir '', que l'on peut intégrer aujourd'hui sans problème, dans le langage moderne, sous forme de compétence, d'expertise et savoir-faire.
On ne peut s'empêcher de voir cette orientation se dessiner clairement, dans les pays démocratiquement évolués où la constitution d'un gouvernement obéit à des critères clairs ou tacites, universellement admis. Car indépendamment du soutien politique, absolument indispensable à n'importe quel gouvernement, quel qu'en soit la nature, de compétences indépendantes, transitoire ou classique, il est de plus en plus demandé à ses membres d'être pourvus de multiples qualités, diverses et difficiles à réunir, certaines évidentes, d'autres tacitement entendues.
La moins discutée de ces qualités réside sûrement dans l'exigence d'une formation de haut niveau jointe à une culture générale appréciable axées sur l'intérêt pour les affaires publiques. Cela ne stipule pas tant une compétence pointue dans un domaine spécialisé, qu'une aptitude à pouvoir en contrôler les effets. Le militantisme politique à lui seul, quels que soient les sacrifices consentis, respectables par ailleurs, même assortis de qualités oratoires évidentes, ne suffit plus, dans un pays moderne, à la qualification exigée d'un membre de gouvernement.
Ces notions évoquées ici de façon quelque peu clairsemée et schématique nous semblent malgré tout, avoir été prises souvent en considération dans les réflexions de ceux de notre classe politique qui délibèrent sur la constitution du gouvernement ; elles concernent autant un gouvernement transitoire dit indépendant et de compétences qu'un gouvernement normal issu d'une majorité électorale.
Socrate n'écarte nullement l'obligation que le pouvoir démocratique soit basé sur une majorité politique légitime, mais cette majorité doit, selon lui, tirer sa légitimité d'une reconnaissance de la ''Vérité et du Savoir'', elle doit tout naturellement se référer et symboliser même une société instruite, informée, libre de s'exprimer et engagée.
Notre société a pu démontrer, lors des rares ''fulgurances'', disons des périodes fastes, qui ont éclairé sa révolution, qu'elle disposait des aptitudes voulues pour franchir, sans grands dommages, les étapes difficiles menant vers ce qui représente l'objectif essentiel de la Démocratie moderne.
Il faut bien constater, d'un autre coté, que sa progression marque réellement le pas, en ces jours pénibles. S'agit-il d'une évaluation déficiente ou d'une appréciation très approximative des obstacles multiples, imprévisibles et divers, de toute nature, venant de plusieurs sources et allant dans toutes les directions, qui se sont accumulés en travers de sa route?
Toujours est-il que les débats sérieux du point de départ se sont peu à peu effilochés, laissant la place à des polémiques interminables et agaçantes. Ils ont surtout abouti au niveau de notre population à une indifférence expansive et à une lassitude généralisée.
Le pourrissement nocif qui menace inévitablement, au bout de ce chemin tortueux, constituerait la plus lourde erreur pour la Révolution et entraînerait des dommages irréparables, même pour ceux qui auraient ''souhaité'' ce pourrissement horrible. Nous sommes encore très nombreux, ici en Tunisie et à l'étranger, à penser que les Tunisiens ont démontré qu'ils disposaient des potentialités nécessaires pour redresser le cap et éviter le naufrage.
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