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La Science des Relations Internationales

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Les périples de l'éducation sous Ben Ali méritent des pages entières, et la reforme du secteur -ou sa réhabilitation- est une nécessité dont pratiquement tout le monde est convaincu. Prenons par exemple les Sciences Politiques.

La Tunisie, ce pays qui se réclame de Carthage et de sa Constitution, n'enseigne la Politique que dans une seule de ses facultés: les Sciences Juridiques de Tunis II (FSJPST). Nous n'avons donc pas de Département de Sciences Politiques digne de ce nom, car celui de la FSJPST est rattaché au Département de Droit International (devenant ainsi une sous-discipline).

La marginalisation de cette science est due au système politique qui régnait en Tunisie, où la politique était bannie du champ public. La formation en Sciences Politiques était l'apanage du parti en place, dont "l'Académie Politique" était la Science Po de Tunisie (la différence entre le ciel et la terre, comme dit le proverbe Tunisien).

Certains essayent de remédier à ce problème, et l'appel à une école tunisienne de Sciences Politiques se fait de plus en plus pressant. Mais ceci nous conduit vers un autre problème.

Le système éducatif Français, que nous avons adopté au lendemain de l'Indépendance, commence à s'essouffler aujourd'hui. Les universités Françaises trouvent difficilement leur place dans les classements mondiaux. L'Institut d'Etudes Politiques (IEP), fierté de l'Université Française, commence à devenir obsolète.

Dans le système anglo-saxon, imparfait mais performant et plus international, les départements de Sciences Politiques passent au second rang. Ils sont occultés par une autre discipline apparue au début du siècle: les Relations Internationales (International Relations, IR).

A "Columbia University" par exemple, le Département de Sciences Politiques obtient à peine la moitié d'un étage d'un immeuble de la "Graduate School", alors que l'Ecole des Affaires Internationales et Publiques (SIPA) est presque une université au sein de l'université.

La "London School of Economics and Political Science" est plus réputée pour son "Department of International Relations" que pour celui des Sciences Politiques.

Même Sciences Po Paris commence à suivre le pas. En 2011, l'institut inaugure PSIA (Paris School of International Affairs), en collaboration avec la SIPA de Columbia. Le choix du nom en dit long. Certains politologues Français résistent encore, refusant de voir les Relations Internationales comme une science et la reléguant en sous-discipline des Sciences Politiques ou de l'Histoire.

Mais c'est une question de temps avant que les choses changent.

La matière des Relations Internationales n'est ni une branche de la Linguistique Anglaise ni du Droit International, elle est différente de l'Economie Internationale et des services consulaires.
C'est une science à part avec ses théories propres, compliquées et contradictoires, utilisant les probabilités mathématiques ou les analogies de l'Histoire (selon les écoles), présomptueuse et euro-centriste, mais solide et en constante évolution; elle explique la manière dont les états interagissent, et comment leurs décisions sont prises.

Le manque de politologues en Tunisie a, par ailleurs, ouvert la voie à tout type d'analystes politiques. Un simple lecteur de journaux peut se dire "analyste politique". Le professeur de Droit ou de Sociologie est automatiquement vu comme "analyste politique", etc.

Par conséquent, la quasi-absence de spécialistes en Relations Internationales a fait que ces mêmes analystes politiques soient par défaut écoutés comme "experts" en politique étrangère. Le résultat fut une série d'amalgames et une montée en puissance de charlatans médiatiques, mais surtout la prépondérance de la théorie du complot pour expliquer les phénomènes locaux et internationaux.

C'est une école tunisienne de Sciences Politiques et de Relations Internationales (SPRI) qu'il faut lancer.

Certains vont rétorquer que l'Université de Tunis II enseigne déjà les Relations Internationales (FSHST), ou que la discipline est enseignée à l'Ecole des Sciences Juridiques (FSJPST, citée plus haut), ou que l'Institut Diplomatique (IDFE) dispense ce genre de cours. Oui, mais ce n'est pas assez.

Il faut créer une Faculté -ou au moins un département- de Sciences Politiques et Relations Internationales (SPRI), de préférence dans une université enseignant le Droit ou l'Histoire. Il faut aussi offrir des cours de SPRI dans d'autres universités, pris comme "élective", ou "minor" -la formule Américaine pour introduire une discipline secondaire aux étudiants d'une branche autre.

Intégrer cette discipline dans le cursus académique aiderait la génération montante, celle des Tunisiens libres et des décideurs de demain, à comprendre par eux-mêmes ce qui se joue dans leur pays et par delà.

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