Il est des problèmes que l'on a plaisir à évoquer, l'objet de cette tribune en est un: La mise à disposition de l'ISIE des résultats électoraux dans un format de données ouverts. Ce sujet n'aurait pas lieu d'être évoqué si la Tunisie n'avait pas pris la voie de la démocratie.
L'ISIE, critiquable et largement critiquée sur plusieurs aspects liés à la logistique et aux inscriptions, fait un effort indéniable et reconnu pour rendre le processus électoral transparent. Notamment, en mettant à disposition les résultats rapidement et sur des plateformes variées (Site Web, Twitter, Page Facebook...).
Le souci réside, à quelques exceptions près, dans le fait que ces informations sont mises à disposition dans des formats, dits fermés (fichiers PDFs) non exploitables pour des fins d'analyses et de statistiques.
L'intérêt d'analyser des résultats était bien entendu moindre quand les présidentielles étaient gagnées au premier tour à 99% ou que le parti hégémonique daignait offrir quelques sièges parlementaires à une opposition fantoche.
Des élections libres impliquent, heureusement, un facteur d'incertitude et un certain suspens qui déclenchent l'appétence pour l'information. Cet appétit démarre dès la proclamation des résultats partiels, en plein milieu du suspens électoral. Les premiers résultats commencent à arriver des bureaux votes par les observateurs sous forme de tweets, posts Facebook, photos de PV électoraux ou de tableaux d'affichage. L'ISIE publie ensuite des résultats partiels sous forme de tweets ou de fichiers PDF.
Commence alors une course effrénée, et ignorée du public, pour consolider les résultats et satisfaire l'attente des tunisiens. La récupération et la transformation de ces données disparates induisent un effort manuel, laborieux et nécessairement imparfait.
J'ai personnellement vécu cette expérience lors des dernières législatives où le tableau récapitulatif mis en ligne par mon entreprise a été repris par une multitude de sites d'informations (dont le Huffington Post Maghreb, Résultats législatives). Les Tableaux ont eu un tel succès que des partis et des élus nous envoyaient des emails ou appelaient au bureau pour demander de rectifier l'orthographe de certains noms.
Dans un deuxième temps, L'ISIE publie les résultats dans un format PDF et souvent en langue arabe. Convertir ces résultats dans un format structuré (Excel par exemple) nécessite l'utilisation de logiciels de conversion qui aboutissent à un résultat imparfait, surtout avec les caractères arabes. Ce qui nécessite un travail de nettoyage.
A titre d'exemple l'ISIE a publié 11 statistiques se rapportant aux 4505 bureaux de votes. Cela fait presque 50000 (4505x11) données à vérifier. Cet effort est souvent mené par des membres de la société civile en mode collaboratif. Mais quelle perte de temps, d'énergie et de talent alors qu'il suffirait à l'ISIE de publier le résultat dans une format ouvert structuré (Excel, ODF, CSV, XML...).
Nombreux sont ceux qui veulent analyser statistiquement ou graphiquement les résultats:
Pour faciliter cet effort et pour plus de transparence il est nécessaire de normaliser les données dans un format ouvert et réutilisable.
Pour attirer l'attention sur ce point, et d'autres non moins importants, plusieurs acteurs de la société civile (Liste initiale : 23_10, Albawsala, ATIDE, ATTEM, I-Watch, Labo Démocratique, Mourakiboun, Nawaat, OpenGovTN, Touensa, Tunisie Vote) viennent d'adresser une lettre ouverte à l'ISIE.
Dans Cette lettre, et dans le soucis de soutenir et ancrer la transparence électorale, les signataires appellent l'ISIE à:
1. La publication de toutes les données relatives aux élections en format ouvert et réutilisable (CSV, XSLX,...) cette demande concerne les 3 élections précédentes à savoir:
a. L'élection de l'ANC du 23 octobre 2011.
b. Les élections législatives du 26 octobre 2014.
c. Le premier tour de l'élection présidentielle du 23 novembre 2014.
d. Ainsi que toutes les élections à venir.
2. La réalisation d'un audit complet des registres des électeurs inscrits, par une tierce partie spécialisée et la publication de ses résultats.
3. La réalisation d'un audit de sécurité sur le site de l'instance, le système d'inscription, et l'application USSD, par une tierce partie spécialisée et la publication de ses résultats.
4. La publication des procès-verbaux de tous les travaux de la Commission de l'instance, sur le site web et le journal officiel conformément au chapitre 18 de la Loi fondamentale 23 de 2012 daté du 31 Décembre 2012, avec un engagement public de publication dans des délais raisonnables.
Concernant les points 2 et 3, il faut rappeler que la phase d'inscription est la phase la plus critique du processus électoral, et les problèmes qu'ont connu les circonscriptions à l'étranger lors des législatives sont là pour nous le rappeler.
La fiabilisation et la sécurisation du fichier électoral constituent la pierre angulaire de tout le processus.
Un audit méthodologique, indépendant et documenté permettra d'évaluer objectivement les procédures appliquées et le fichier électoral. Ce qui donnera une assurance raisonnable sur la conformité ou non par rapport aux textes et aux normes reconnues.
Il permettra par exemple de:
1. Mesurer les procédures appliquées en les comparant aux meilleures pratiques d'autres pays démocratiques.
2. Vérifier la standardisation des supports et des imprimés utilisés, la traçabilité de la gestion des documents (distribution des listes électorales).
3. Vérifier la cohérence du fichier électoral son exhaustivité (toutes les demandes sont prises en compte) et l'absence d'introductions frauduleuses.
Sur le point 4, je me dois de relever que bien que le site de l'ISIE gagnerait à être réorganisé pour faciliter les recherches et l'archivage de l'information. Les résultats des élections 2011 ont disparu du site, les documents quand ils sont archivés, le sont sans aucune organisation ni architecture claire.
Espérons que l'ISIE réagira positivement aux demandes de ces associations. C'est en itérant et améliorant le processus qu'ensemble, nous arriverons à ancrer la démocratie en Tunisie.
L'ISIE, critiquable et largement critiquée sur plusieurs aspects liés à la logistique et aux inscriptions, fait un effort indéniable et reconnu pour rendre le processus électoral transparent. Notamment, en mettant à disposition les résultats rapidement et sur des plateformes variées (Site Web, Twitter, Page Facebook...).
Le souci réside, à quelques exceptions près, dans le fait que ces informations sont mises à disposition dans des formats, dits fermés (fichiers PDFs) non exploitables pour des fins d'analyses et de statistiques.
L'intérêt d'analyser des résultats était bien entendu moindre quand les présidentielles étaient gagnées au premier tour à 99% ou que le parti hégémonique daignait offrir quelques sièges parlementaires à une opposition fantoche.
Des élections libres impliquent, heureusement, un facteur d'incertitude et un certain suspens qui déclenchent l'appétence pour l'information. Cet appétit démarre dès la proclamation des résultats partiels, en plein milieu du suspens électoral. Les premiers résultats commencent à arriver des bureaux votes par les observateurs sous forme de tweets, posts Facebook, photos de PV électoraux ou de tableaux d'affichage. L'ISIE publie ensuite des résultats partiels sous forme de tweets ou de fichiers PDF.
Commence alors une course effrénée, et ignorée du public, pour consolider les résultats et satisfaire l'attente des tunisiens. La récupération et la transformation de ces données disparates induisent un effort manuel, laborieux et nécessairement imparfait.
J'ai personnellement vécu cette expérience lors des dernières législatives où le tableau récapitulatif mis en ligne par mon entreprise a été repris par une multitude de sites d'informations (dont le Huffington Post Maghreb, Résultats législatives). Les Tableaux ont eu un tel succès que des partis et des élus nous envoyaient des emails ou appelaient au bureau pour demander de rectifier l'orthographe de certains noms.
Dans un deuxième temps, L'ISIE publie les résultats dans un format PDF et souvent en langue arabe. Convertir ces résultats dans un format structuré (Excel par exemple) nécessite l'utilisation de logiciels de conversion qui aboutissent à un résultat imparfait, surtout avec les caractères arabes. Ce qui nécessite un travail de nettoyage.
A titre d'exemple l'ISIE a publié 11 statistiques se rapportant aux 4505 bureaux de votes. Cela fait presque 50000 (4505x11) données à vérifier. Cet effort est souvent mené par des membres de la société civile en mode collaboratif. Mais quelle perte de temps, d'énergie et de talent alors qu'il suffirait à l'ISIE de publier le résultat dans une format ouvert structuré (Excel, ODF, CSV, XML...).
Nombreux sont ceux qui veulent analyser statistiquement ou graphiquement les résultats:
- Acteurs de la société civile (Tunisia Election Data,...) dans leurs rôles de supervision et d'engagement citoyen,
- Médias dans leur rôle d'information,
- Bloggeurs, simples citoyens,
- Chercheurs universitaires ou sociologues pour des fins d'analyse et de dissections.
Pour faciliter cet effort et pour plus de transparence il est nécessaire de normaliser les données dans un format ouvert et réutilisable.
Pour attirer l'attention sur ce point, et d'autres non moins importants, plusieurs acteurs de la société civile (Liste initiale : 23_10, Albawsala, ATIDE, ATTEM, I-Watch, Labo Démocratique, Mourakiboun, Nawaat, OpenGovTN, Touensa, Tunisie Vote) viennent d'adresser une lettre ouverte à l'ISIE.
Dans Cette lettre, et dans le soucis de soutenir et ancrer la transparence électorale, les signataires appellent l'ISIE à:
1. La publication de toutes les données relatives aux élections en format ouvert et réutilisable (CSV, XSLX,...) cette demande concerne les 3 élections précédentes à savoir:
a. L'élection de l'ANC du 23 octobre 2011.
b. Les élections législatives du 26 octobre 2014.
c. Le premier tour de l'élection présidentielle du 23 novembre 2014.
d. Ainsi que toutes les élections à venir.
2. La réalisation d'un audit complet des registres des électeurs inscrits, par une tierce partie spécialisée et la publication de ses résultats.
3. La réalisation d'un audit de sécurité sur le site de l'instance, le système d'inscription, et l'application USSD, par une tierce partie spécialisée et la publication de ses résultats.
4. La publication des procès-verbaux de tous les travaux de la Commission de l'instance, sur le site web et le journal officiel conformément au chapitre 18 de la Loi fondamentale 23 de 2012 daté du 31 Décembre 2012, avec un engagement public de publication dans des délais raisonnables.
Concernant les points 2 et 3, il faut rappeler que la phase d'inscription est la phase la plus critique du processus électoral, et les problèmes qu'ont connu les circonscriptions à l'étranger lors des législatives sont là pour nous le rappeler.
La fiabilisation et la sécurisation du fichier électoral constituent la pierre angulaire de tout le processus.
Un audit méthodologique, indépendant et documenté permettra d'évaluer objectivement les procédures appliquées et le fichier électoral. Ce qui donnera une assurance raisonnable sur la conformité ou non par rapport aux textes et aux normes reconnues.
Il permettra par exemple de:
1. Mesurer les procédures appliquées en les comparant aux meilleures pratiques d'autres pays démocratiques.
2. Vérifier la standardisation des supports et des imprimés utilisés, la traçabilité de la gestion des documents (distribution des listes électorales).
3. Vérifier la cohérence du fichier électoral son exhaustivité (toutes les demandes sont prises en compte) et l'absence d'introductions frauduleuses.
Sur le point 4, je me dois de relever que bien que le site de l'ISIE gagnerait à être réorganisé pour faciliter les recherches et l'archivage de l'information. Les résultats des élections 2011 ont disparu du site, les documents quand ils sont archivés, le sont sans aucune organisation ni architecture claire.
Espérons que l'ISIE réagira positivement aux demandes de ces associations. C'est en itérant et améliorant le processus qu'ensemble, nous arriverons à ancrer la démocratie en Tunisie.
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