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Sydney: Après la prise d'otages, un message de solidarité envers les musulmans

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L'une des gerbes de fleurs déposée mardi après la prise d'otages meurtrière de Sydney est accompagnée d'un texte qui constitue un dernier adieu aux victimes. Mais c'est aussi un message de solidarité envers la communauté musulmane qui redoute la stigmatisation.

"Je vous accompagne", peut-on lire sur le bouquet: c'est le thème d'une campagne lancée sur le réseau social Twitter dans laquelle les non musulmans proposent aux musulmans de voyager avec eux dans les transports publics, à l'heure où ces derniers craignent les réactions négatives de l'opinion.


Ces témoignages de sympathie soulèvent l'espoir que l'Australie, qui s'est construite sur des vagues successives d'immigration, sorte plus unie que déchirée de ce drame. La prise d'otages s'est soldée par la mort de deux personnes et d'un islamiste radical au passé de violences, présenté également comme un déséquilibré.

Près d'un mémorial improvisé à la mémoire des deux otages, Mirella Rigo, submergée par l'émotion, fend la foule pour aller embrasser une musulmane et témoigner de sa solidarité. "Ca vient du fond du coeur. Je suis touchée pour ces gens et je crois qu'il faut leur montrer qu'ils ne sont pas responsables" de la tragédie, explique-t-elle.

Mariam Veiszadeh, membre d'Islamophobia Register, une organisation qui comptabilise les actes hostiles aux musulmans en Australie, s'est dit émue par la réaction de l'homme de la rue.

Un "homme malade"

"La tragédie qui s'est déroulée hier à Sydney a vraiment rassemblé les Australiens, quelle que soit leur appartenance ethnique ou religieuse", a-t-elle estimé, après avoir déposé sa gerbe. "J'espère vraiment que ce sentiment durera le reste de la semaine".


Les dirigeants de la communauté musulmane d'Australie, qui est forte d'environ 490.000 personnes, s'emploient à contrecarrer l'influence de l'organisation Etat islamique (EI) en Syrie et en Irak sur une jeunesse désenchantée. Comme dans d'autres pays occidentaux, celle-ci est visée par des campagnes de propagande sophistiquées, au travers notamment des réseaux sociaux.

Certains ont succombé. D'après les estimations, plus de 70 Australiens combattent actuellement dans les rangs jihadistes en Irak et en Syrie.

L'Australie, qui est engagée aux côtés des Etats-Unis dans la lutte contre l'EI, avait relevé en septembre son niveau d'alerte face à la menace terroriste représentée notamment par les combattants jihadistes australiens de retour d'Irak et de Syrie. Et à la suite d'une série d'opérations destinées à déjouer un complot présumé de jihadistes de l'EI, des mosquées avaient été vandalisées.

Pour tenter de prévenir de nouveaux actes islamophobes, une quarantaine d'organisation musulmanes a condamné avec force la prise d'otages de Sydney avant même qu'elle ne soit terminée. "Ce genre d'acte abject sert juste les objectifs de ceux qui veulent (...) nuire encore davantage à l'islam et aux musulmans australiens", ont-elles dit.

Les liens éventuels entre l'auteur de la prise d'otages, Man Haron Monis, et l'EI ou tout autre mouvement jihadiste ne sont pas avérés.

Le commissaire en charge de la lutte contre les discriminations, Tim Soutphommasane, s'est dit très touché par la campagne "Je vous accompagne" (hashtag #illridewithyou), exhortant ses compatriotes à ne pas "céder à la peur, la haine et la division".

La campagne a été lancée par Tessa Kum et a déclenché une avalanche de soutiens, avec des dizaines de milliers de messages.


Celle-ci a expliqué qu'elle avait été inspirée par une usagère des transports en commun. "Elle avait fait quelque chose de très simple. Elle avait vu une musulmane désemparée à bord d'un train retirer son niqab. Elle est allée la voir et lui a dit "recouvrez-vous la tête, je vais marcher avec vous", a-t-elle dit à la radio ABC.

Pour l'instant, personne n'a critiqué publiquement la communauté musulmane, en dehors du président du parti anti-immigration One Nation du Queensland, Jim Savage. "Déjà, on nous dit à la télévision nationale que c'est juste un loup solitaire qui n'a rien à voir avec l'islam", a-t-il lancé.

D'après Neil Fergus, du cabinet Intelligent Risks, seuls 250 musulmans australiens sont dans le collimateur des autorités. "Monis était clairement dangereux, mais pas parce qu'il avait des liens directs avec l'EI. C'était un homme malade".

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