Depuis plusieurs mois, je recherche des ouvrages qui m'aideraient à comprendre l'engagement de ces jeunes gens pour le jihad. Pourquoi ces garçons s'engagent? Qu'est-ce qui les fait partir pour devenir martyr, pour entrer en guerre sainte, pour renier leur famille, leurs amis, pour s'engager corps et âme dans un combat au nom de Dieu?
De nombreux échanges se font sur ce thème où chacun essaye de comprendre, de justifier, de diaboliser. Mais surtout la perte de soi effraye terriblement, en particulier nous, les adultes. Qui est responsable? Comment sont-ils endoctrinés? Que pouvons nous faire? Encore une fois, la réponse peut se trouver dans les livres.
L'écrivain algérien Yasmina Khadra, de son vrai nom Mohamed Moulesshoul, a fait la une des médias dernièrement en annonçant sa candidature à l'élection présidentielle de 2014. Mais c'est son talent d'écrivain qui a retenu mon attention, et en particulier un roman paru avant L'attentat qui a une résonance très actuelle.
A quoi rêvent les loups? (Pocket, 2009) est le portrait d'un jeune homme d'Alger, Walid Nafa, issu d'une famille modeste, qui cherche du travail et qui en trouve dans une grande famille bourgeoise, où il découvre le mépris, la honte, la haine et la mort. Alors au fil de ses rencontres, il va devenir un jihadiste, un combattant qui tue quelquefois aveuglé par le sang, ce n'est pas un doctrinaire, un politique, il ne cherche pas à créer un autre monde, n'a aucune idéologie, mais il a juste été accueilli par un groupe qui lui a permis d'exister, de savoir qu'il était vivant.
L'écueil d'idéologie et la bipolarisation empreinte de religion de notre monde conduisent des jeunes à s'engager non pas pour construire un monde meilleur mais pour la haine de l'Autre. A la fin de cette lecture, Walid Nafa avait pris corps et renvoyait à une question assez proche de celle qui forme le titre du livre: Quels sont les rêves de la jeunesse d'aujourd'hui?
En écho à ce portrait, je me suis souvenu de L'immeuble Yacoubian de Alaa el Aswany (Actes Sud, 2006). Que ce roman est beau, poétique, plein d'amour pour le peuple égyptien! L'un des personnages pourrait être un compagnon de Walid Nafa. Le jeune Taha el Chazli ne rêve que d'une chose: être admis à l'Académie de Police. Pour cela il travaille dur et réussit le concours écrit, mais devant une parodie d'examen, il échoue à l'oral. Alors nourri de rage et de haine, il va s'engager sous l'influence du cheikh Chaker. Il s'engage par haine d'un système, d'une élite, à cause d'une société profondément inégalitaire. En entrant dans ce groupe où religion et violence semblent indissociables, il se perd.
Les étoiles de Sidi Moumen (Flammarion, 2010) de l'écrivain marocain Mahi Binebine reprend cette thématique: Comment devient-on une bombe humaine, quels rêves nous promet-on pour accepter de mourir, de mourir en tuant? Ce livre a été porté à l'écran sous le titre Les chevaux de feu mis en scène par Nabil Ayouch et rejoint Paradise Now (2005) de Hany Abu-Assad. La misère, la lassitude, la privation, l'impossibilité d'utiliser l'ascenseur social, l'enfermement dans une prison aux murs invisibles sont autant de facteurs qui conduisent à aller voir autre chose, à avoir un rôle, une identité, un but, même s'il est tragique.
Mais c'est surtout la conséquence du manque de rêves dans un monde désenchanté, d'une liberté de choix inexistante dans des sociétés qui oublient les valeurs fondamentales de tolérance, de partage et d'égalité qui conduisent ces jeunes vers la mort.
De nombreux échanges se font sur ce thème où chacun essaye de comprendre, de justifier, de diaboliser. Mais surtout la perte de soi effraye terriblement, en particulier nous, les adultes. Qui est responsable? Comment sont-ils endoctrinés? Que pouvons nous faire? Encore une fois, la réponse peut se trouver dans les livres.
L'écrivain algérien Yasmina Khadra, de son vrai nom Mohamed Moulesshoul, a fait la une des médias dernièrement en annonçant sa candidature à l'élection présidentielle de 2014. Mais c'est son talent d'écrivain qui a retenu mon attention, et en particulier un roman paru avant L'attentat qui a une résonance très actuelle.
A quoi rêvent les loups? (Pocket, 2009) est le portrait d'un jeune homme d'Alger, Walid Nafa, issu d'une famille modeste, qui cherche du travail et qui en trouve dans une grande famille bourgeoise, où il découvre le mépris, la honte, la haine et la mort. Alors au fil de ses rencontres, il va devenir un jihadiste, un combattant qui tue quelquefois aveuglé par le sang, ce n'est pas un doctrinaire, un politique, il ne cherche pas à créer un autre monde, n'a aucune idéologie, mais il a juste été accueilli par un groupe qui lui a permis d'exister, de savoir qu'il était vivant.
L'écueil d'idéologie et la bipolarisation empreinte de religion de notre monde conduisent des jeunes à s'engager non pas pour construire un monde meilleur mais pour la haine de l'Autre. A la fin de cette lecture, Walid Nafa avait pris corps et renvoyait à une question assez proche de celle qui forme le titre du livre: Quels sont les rêves de la jeunesse d'aujourd'hui?
En écho à ce portrait, je me suis souvenu de L'immeuble Yacoubian de Alaa el Aswany (Actes Sud, 2006). Que ce roman est beau, poétique, plein d'amour pour le peuple égyptien! L'un des personnages pourrait être un compagnon de Walid Nafa. Le jeune Taha el Chazli ne rêve que d'une chose: être admis à l'Académie de Police. Pour cela il travaille dur et réussit le concours écrit, mais devant une parodie d'examen, il échoue à l'oral. Alors nourri de rage et de haine, il va s'engager sous l'influence du cheikh Chaker. Il s'engage par haine d'un système, d'une élite, à cause d'une société profondément inégalitaire. En entrant dans ce groupe où religion et violence semblent indissociables, il se perd.
Les étoiles de Sidi Moumen (Flammarion, 2010) de l'écrivain marocain Mahi Binebine reprend cette thématique: Comment devient-on une bombe humaine, quels rêves nous promet-on pour accepter de mourir, de mourir en tuant? Ce livre a été porté à l'écran sous le titre Les chevaux de feu mis en scène par Nabil Ayouch et rejoint Paradise Now (2005) de Hany Abu-Assad. La misère, la lassitude, la privation, l'impossibilité d'utiliser l'ascenseur social, l'enfermement dans une prison aux murs invisibles sont autant de facteurs qui conduisent à aller voir autre chose, à avoir un rôle, une identité, un but, même s'il est tragique.
Mais c'est surtout la conséquence du manque de rêves dans un monde désenchanté, d'une liberté de choix inexistante dans des sociétés qui oublient les valeurs fondamentales de tolérance, de partage et d'égalité qui conduisent ces jeunes vers la mort.
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