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Tunisie: Etat des lieux du secteur touristique

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S'il y a un secteur économique qui a particulièrement souffert de la transition démocratique tunisienne c'est sans conteste la filière touristique.

Des fermetures d'hôtels à la pelle en 2013

Rien qu'en 2013, 43 fermetures définitives et 28 fermetures saisonnières ont été dénombrées dans les deux zones touristiques très prisées de Nabeul et Hammamet, selon les commissariats du tourisme dans ces régions.

Pour la région de Sousse ce sont près de 23 hôtels, d'une capacité globale d'environ cinq mille lits, qui ont été fermés.

Ces fermetures ont été décidées suite à une régression notable (33%) du nombre de touristes, notamment français.

Dans une interview accordée à la TAP, Radhouane Ben Salah, président de la Fédération Tunisienne de l'Hôtellerie (FTH) a évoqué les principales priorités auxquelles va devoir s'attaquer le ministère de tutelle.

Les mesures pour éviter le désastre financier

Evoquant les difficultés financières qui pèsent lourdement sur l'activité hôtelière, M. Ben Salah a expliqué que le coût de la nuitée a augmenté de 20% en une année, alors que les prix de vente sont restés les mêmes, "ce qui a engendré des résultats d'exploitation très faibles et provoqué une détérioration de la situation financière des hôtels".

Il a aussi cité le problème de l'endettement qui touche entre 140 et 160 hôtels en Tunisie et dont le volume est estimé à environ 3900 millions de dinars (MD).

"Il s'agit pour la plupart (3400MD) de dettes structurelles qui remontent à la période d'avant la révolution", a-t-il ajouté.

Le président de la FTH a critiqué, sur un autre plan, la surtaxation du secteur hôtelier, indiquant que la TVA appliquée sur le chiffre d'affaires des hôtels a doublé, passant de 6% à 12% en moins de 10 ans, alors que cette taxation est de l'ordre de 7% dans les destinations concurrentes (Maroc, Turquie…).

Il a fait savoir que le ministère de Finances envisage de réviser cette taxation à la baisse pour la situer entre 7 et 9%.

Concernant le projet de création d'une structure de gestion des actifs hôteliers qui est en cours de discussion entre les acteurs de la profession, la Banque Centrale et le ministère de Finances, M. Ben Salah a jugé qu'il permettra de résoudre le problème d'endettement du secteur.

"Cette structure se chargera du rachat des crédits des hôtels auprès des banques pour les re-proposer ensuite aux hôteliers avec la possibilité d'un paiement sur une longue durée, soit de 20 à 25 ans et avec des conditions avantageuses", a-t-il développé.

S'agissant de la nouvelle taxation de nuitées (loi de Finances 2014), variant selon les catégories des hôtels et dont l'entrée en application est prévue pour octobre 2014, il a affirmé que la fédération va suggérer, dans la loi de Finances complémentaire, une taxation alternative à appliquer sur les entrées au niveau des frontières et des aéroports.

Il a estimé les recettes de cette taxation (des entrées) à plus 120 MD/an, soit le double de recettes prévues par la taxation sur les nuitées (60 MD/an), si elle est fixée à 10 euros par personne uniquement (environs 22 dinars).

De même, l'abandon de la taxation sur les nuitées permettra "d'éviter la taxation des clients tunisiens et d'épargner à l'hôtelier la gestion de ce dossier un peu délicat", a-t-il dit.

Pour ce qui est des retombées de la dépréciation du dinar (faiblesse des recettes), M. Ben Salah a appelé l'Etat à intervenir pour exiger "des contrats en devises et non en dinar" entre les hôteliers et les tours opérateurs étrangers.

Cette démarche a déjà montré ses avantages pour des destinations concurrentes, telles que la Turquie, l'Egypte, le Maroc, a-t-il dit, relevant qu'elle permettra aux hôteliers de maintenir un niveau raisonnable de recettes, quelles que soient les fluctuations de change.

Une montée en gamme nécessaire

Le président de la FTH a mis l'accent, aussi, sur la nécessité de diversifier les opérations de marketing et de commercialisation aussi bien via les tours opérateurs que via Internet.

"La réservation via Internet peut aller jusqu'à plus de 25% du total des réservations dans certains marchés touristiques, alors qu'en Tunisie elle demeure dérisoire", a commenté le responsable.

D'après lui, les hôteliers tunisiens doivent aussi penser à enrichir et diversifier leurs produits et à investir dans de nouveaux créneaux et de nouveaux modes d'hébergement (hôtels de charme, camping…).

Evoquant les dépenses des touristes, le responsable a fait savoir que les dépenses extra-hôtelières ne représentent que 10% du total des dépenses des touristes, alors que celles-ci dépassent le seuil de 50% dans d'autres pays.

Il a ainsi appelé à développer des espaces d'animation, des boutiques artisanales et des restaurants dans diverses régions touristiques du pays, pour inciter les touristes à sortir des hôtels et dépenser plus.

Une année 2014 qui s'annonce bonne

Toutefois, le président de la FTH n'a pas perdu son optimisme, estimant que pour 2014, les indicateurs vont renouer avec leur niveau de 2010 et qu'ils s'amélioreront davantage dans les années à venir.

Pour lui, l'adoption de la Constitution et la mise en place d'un nouveau gouvernement sont des messages positifs qui contribueront à un regain de confiance en la Tunisie de la part des tours opérateurs, lesquels "vont réagir favorablement".

Le nombre des entrées touristiques a en effet atteint durant le mois de janvier 2014 les 340.377 personnes soit une augmentation de 22% par rapport à la même période en 2013 et de 2,2% par rapport à 2010.

Selon les statistiques du département du Tourisme (Direction des études), les maghrébins représentent 80% du total de ces entrées, dont 3/4 sont des Libyens. Par rapport à 2010, leur nombre a évolué de 20%.

Le nombre des touristes européens qui visitent la Tunisie (18% des entrées totales) a baissé, en janvier 2014, de 37,7% par rapport à janvier 2010. Il s'agit notamment des français, dont le nombre a régressé de 45%, les italiens de 39,5% et les anglais de 26%.

Les premières statistiques pour l'année 2014 semblent ainsi donner, en partie, raison au président la FTH.

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