D'Ukraine vient l'ultime enseignement pour nos élites, ces ombres d'un passé qui ne veut pas reconnaître qu'il est fini, laisser la place aux nouvelles mentalités, nouvelles exigences; une façon autre de vivre.
Sur une scène foire d'empoigne, ceux qui brillent parmi nos politiciens ne sont que belles lumières dans un ciel d'été, traces d'étoiles mortes depuis longtemps, auxquelles l'éloignement donne l'illusion de la vie. La distance prise avec le peuple illusionne sur ce qui relève, aux yeux des masses, de la splendeur des momies.
C'est terrible à dire, mais la nécessité d'élites jeunes est incontournable, à l'image du pays, une façon nouvelle de faire la politique. En cet âge des foules, la puissance sociétale prend le dessus sur le pouvoir des institutions classiques saturées, vidées de sens par excès de contradictions, de contresens.
On peut regretter l'ordre; mais quel intérêt dans un ordre mortifère, réduisant la société à un cimetière avec des citoyens, comme des tombes, alignés sur une politique au service de la minorité des puissants du jour?
On est autorisé à se plaindre de la violence déclarée, se généralisant, mais est-elle plus grave qu'une violence silencieuse, insidieuse, physique et morale, toujours dans les allées du pouvoir, et qui marque encore le comportement des institutions, les délégitimant?
L'État d'antan, avec pompe, prestige et solennités, c'est fini
Tout comme l'intellectuel, le politique cireur de bottes -- les siennes ou celles de son mentor --, n'est plus à la mode. Il se doit d'être organique, relever du peuple, reproduire sa condition. Aussi, en Tunisie, pays pauvre, il est le premier à devoir faire les frais de l'austérité.
La démocratie telle qu'on la pratique en Occident avec ses rites électoraux et ses partis, c'est terminé aussi! Aujourd'hui, le peuple prend et reprend le pouvoir quand il le veut et le décide. Ce sont les foules qui ont le dernier mot tôt ou tard, dans les meilleures ou les plus mauvaises conditions.
Tout dépend de l'intelligence des élites, leur lucidité ou leur machiavélisme. L'éthique seule triomphe au final en une époque sacralisant le retour aux valeurs que symbolise la spiritualité. Chez nous, c'est l'islam humaniste universel, soufi donc, non la religion de certains qui en font commerce, politique politicienne.
S'il a su tirer la leçon d'Égypte, le parti islamiste continue de louvoyer en accord avec certaines élites pour ignorer le peuple dont les exigences ne sont plus exprimées par des partis obsédés par le pouvoir. C'est la société civile et les associations qui incarnent le peuple.
De nouveaux commandements, du seul Dieu en politique qu'est le peuple, peuvent être énoncés. On ne peut se suffire d'une Constitution si ses principes ne sont pas mis en œuvre. Or, on vit toujours sous le régime juridique de la dictature, violentant les droits des Tunisiens, de l'Homme.
Le pouvoir est à rendre au peuple, reconnaissant son droit à élire des représentants, qu'il choisit véritablement et qu'il contrôle. Cela se fait à l'échelon le plus bas du pays. La pyramide renversée du pouvoir, chef en bas, est à remettre sur sa base.
La Tunisie a expérimenté l'originalité du dialogue national qui reprend. Ses responsables ont intérêt à amener les élites à renoncer à un système électoral qui ne fait que bétonner le pouvoir institué, éloignant encore plus le somment de sa base.
Le scrutin de liste a lamentablement échoué
Urgemment, le dialogue national doit amener à l'abandon du projet de scrutin de liste reproduisant ce qui a lamentablement échoué. On doit privilégier des élections locales en mesure d'intéresser le peuple, le concilier avec la politique et réhabiliter la chose publique. Le mode le plus approprié aux traditions et à la psychologie du pays est le scrutin uninominal qu'on aura pris garde de rationaliser, prévoyant un dispositif de contrôle accru et permanent des électeurs sur les élus.
Il faut aussi déclarer un moratoire dans l'application des lois, règlements, arrêtés et décisions contraires à la nouvelle constitution, à son esprit démocratique.
Surtout, sortir le pays de l'immobilisme actuel commande d'oser donner un lifting à ce qui reste intouchable des hauteurs de l'État. Tirer la leçon d'Ukraine suppose de placer incontinent des compétences neutres à la tête de l'Assemblée constituante et de la présidence de la République ainsi que la lucidité politique l'a imposé pour le gouvernement.
La Tunisie a besoin de compétences neutres dans les rouages sensibles. Or, les titulaires des deux autres postes symboliques de l'État font de la politique, abusant de l'esprit de la démocratie supposant une neutralité absolue, non affectée, au-dessus de tout soupçon. Aussi doivent-ils céder leur place à des compétences ne faisant pas de politique, ou alors la vraie, celle qui n'est que la gestion des intérêts avérés de tout le peuple.
C'est à une révolution par le haut que le dialogue national est appelé. N'étant alors plus celui des mastodontes de la politique, sourd au peuple, il sera en résonance avec l'âme populaire: une dialogie. Sinon, fatalement, on aura une réplique du coup du peuple pour contrer le retour en douce de la dictature. L'Ukraine est là pour le rappeler.
L'actuel gouvernement doit être épaulé par d'autres compétences à la tête de l'État; et il doit avoir du temps pour réussir. Il est donc impératif de se libérer de l'échéance de fin d'année pour organiser des élections qui n'ont d'intérêt que pour les grands partis et leurs ambitions voraces.
Ce ne sont plus des élections législatives et présidentielles qu'il faut, mais locales. Et le pouvoir rendu au peuple amènera seul aux plus hautes charges de l'État.
Le peuple souverain doit retrouver son droit du choix de ses représentants, confisqué par les partis. Le moteur d'une démocratie en développement, à peine sortie de dictature, ne réside plus dans le système partisan. Il est dans la société civile; et la nôtre fonctionne à merveille.
Ainsi en finira-t-on avec l'opéra-bouffe nous faisant singer un Occident en pleine crise qui est d'abord celle des valeurs reniées par un imaginaire travaillé par l'exclusion d'autrui, cette image de soi.
Sur une scène foire d'empoigne, ceux qui brillent parmi nos politiciens ne sont que belles lumières dans un ciel d'été, traces d'étoiles mortes depuis longtemps, auxquelles l'éloignement donne l'illusion de la vie. La distance prise avec le peuple illusionne sur ce qui relève, aux yeux des masses, de la splendeur des momies.
C'est terrible à dire, mais la nécessité d'élites jeunes est incontournable, à l'image du pays, une façon nouvelle de faire la politique. En cet âge des foules, la puissance sociétale prend le dessus sur le pouvoir des institutions classiques saturées, vidées de sens par excès de contradictions, de contresens.
On peut regretter l'ordre; mais quel intérêt dans un ordre mortifère, réduisant la société à un cimetière avec des citoyens, comme des tombes, alignés sur une politique au service de la minorité des puissants du jour?
On est autorisé à se plaindre de la violence déclarée, se généralisant, mais est-elle plus grave qu'une violence silencieuse, insidieuse, physique et morale, toujours dans les allées du pouvoir, et qui marque encore le comportement des institutions, les délégitimant?
L'État d'antan, avec pompe, prestige et solennités, c'est fini
Tout comme l'intellectuel, le politique cireur de bottes -- les siennes ou celles de son mentor --, n'est plus à la mode. Il se doit d'être organique, relever du peuple, reproduire sa condition. Aussi, en Tunisie, pays pauvre, il est le premier à devoir faire les frais de l'austérité.
La démocratie telle qu'on la pratique en Occident avec ses rites électoraux et ses partis, c'est terminé aussi! Aujourd'hui, le peuple prend et reprend le pouvoir quand il le veut et le décide. Ce sont les foules qui ont le dernier mot tôt ou tard, dans les meilleures ou les plus mauvaises conditions.
Tout dépend de l'intelligence des élites, leur lucidité ou leur machiavélisme. L'éthique seule triomphe au final en une époque sacralisant le retour aux valeurs que symbolise la spiritualité. Chez nous, c'est l'islam humaniste universel, soufi donc, non la religion de certains qui en font commerce, politique politicienne.
S'il a su tirer la leçon d'Égypte, le parti islamiste continue de louvoyer en accord avec certaines élites pour ignorer le peuple dont les exigences ne sont plus exprimées par des partis obsédés par le pouvoir. C'est la société civile et les associations qui incarnent le peuple.
De nouveaux commandements, du seul Dieu en politique qu'est le peuple, peuvent être énoncés. On ne peut se suffire d'une Constitution si ses principes ne sont pas mis en œuvre. Or, on vit toujours sous le régime juridique de la dictature, violentant les droits des Tunisiens, de l'Homme.
Le pouvoir est à rendre au peuple, reconnaissant son droit à élire des représentants, qu'il choisit véritablement et qu'il contrôle. Cela se fait à l'échelon le plus bas du pays. La pyramide renversée du pouvoir, chef en bas, est à remettre sur sa base.
La Tunisie a expérimenté l'originalité du dialogue national qui reprend. Ses responsables ont intérêt à amener les élites à renoncer à un système électoral qui ne fait que bétonner le pouvoir institué, éloignant encore plus le somment de sa base.
Le scrutin de liste a lamentablement échoué
Urgemment, le dialogue national doit amener à l'abandon du projet de scrutin de liste reproduisant ce qui a lamentablement échoué. On doit privilégier des élections locales en mesure d'intéresser le peuple, le concilier avec la politique et réhabiliter la chose publique. Le mode le plus approprié aux traditions et à la psychologie du pays est le scrutin uninominal qu'on aura pris garde de rationaliser, prévoyant un dispositif de contrôle accru et permanent des électeurs sur les élus.
Il faut aussi déclarer un moratoire dans l'application des lois, règlements, arrêtés et décisions contraires à la nouvelle constitution, à son esprit démocratique.
LIRE AUSSI: Quel mode de scrutin faut-il adopter, par Mohamed Bouanane
Surtout, sortir le pays de l'immobilisme actuel commande d'oser donner un lifting à ce qui reste intouchable des hauteurs de l'État. Tirer la leçon d'Ukraine suppose de placer incontinent des compétences neutres à la tête de l'Assemblée constituante et de la présidence de la République ainsi que la lucidité politique l'a imposé pour le gouvernement.
La Tunisie a besoin de compétences neutres dans les rouages sensibles. Or, les titulaires des deux autres postes symboliques de l'État font de la politique, abusant de l'esprit de la démocratie supposant une neutralité absolue, non affectée, au-dessus de tout soupçon. Aussi doivent-ils céder leur place à des compétences ne faisant pas de politique, ou alors la vraie, celle qui n'est que la gestion des intérêts avérés de tout le peuple.
C'est à une révolution par le haut que le dialogue national est appelé. N'étant alors plus celui des mastodontes de la politique, sourd au peuple, il sera en résonance avec l'âme populaire: une dialogie. Sinon, fatalement, on aura une réplique du coup du peuple pour contrer le retour en douce de la dictature. L'Ukraine est là pour le rappeler.
L'actuel gouvernement doit être épaulé par d'autres compétences à la tête de l'État; et il doit avoir du temps pour réussir. Il est donc impératif de se libérer de l'échéance de fin d'année pour organiser des élections qui n'ont d'intérêt que pour les grands partis et leurs ambitions voraces.
Ce ne sont plus des élections législatives et présidentielles qu'il faut, mais locales. Et le pouvoir rendu au peuple amènera seul aux plus hautes charges de l'État.
Le peuple souverain doit retrouver son droit du choix de ses représentants, confisqué par les partis. Le moteur d'une démocratie en développement, à peine sortie de dictature, ne réside plus dans le système partisan. Il est dans la société civile; et la nôtre fonctionne à merveille.
Ainsi en finira-t-on avec l'opéra-bouffe nous faisant singer un Occident en pleine crise qui est d'abord celle des valeurs reniées par un imaginaire travaillé par l'exclusion d'autrui, cette image de soi.
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