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Artisanat, patrimoine et tourisme culturel

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Que faut-il entendre par artisanat? Voici comment l'UNESCO définit les produits artisanaux:

"On entend par produits artisanaux les produits fabriqués par des artisans, soit entièrement à la main, soit à l'aide d'outils à main ou même de moyens mécaniques, pourvu que la contribution manuelle directe de l'artisan demeure la composante la plus importante du produit fini... La nature spéciale des produits artisanaux se fonde sur leurs caractères distinctifs, lesquels peuvent être utilitaires, esthétiques, artistiques, créatifs, culturels, décoratifs, fonctionnels, traditionnels, symboliques et importants d'un point de vue religieux ou social".


Mais une telle définition s'avère sélective et sans doute sciemment limitative. Il y a lieu de l'élargir pour y inclure toutes les petites entreprises qui répondent aux besoins de la vie quotidienne: le maçon, le peintre en bâtiment, l'électricien, le chauffagiste, le charpentier et tous ceux qui interviennent pour des opérations topiques et fort limitées. Il s'agit souvent d'entreprises qui, essentiellement familiales, peuvent s'adjoindre un nombre fort restreint d'ouvriers et d'apprentis. La création et la gestion d'une entreprise artisanale relèvent d'un code qui diffère d'un pays à un autre.

Sans le nectar du patrimoine, un peuple risque risque de mourir

La Tunisie doit accorder une attention particulière à l'artisanat, qui représente non seulement une source de richesse matérielle et culturelle, mais est aussi une composante essentielle de l'identité nationale.

N'est-ce pas le conservatoire d'un grand secteur de nos valeurs, qu'il faut bien connaître et sauvegarder, afin qu'elles suscitent l'inspiration pour innover, créer d'autres valeurs et servir l'homme dans sa plénitude. Sans le nectar du patrimoine, un peuple risque de s'étioler, voire de mourir.

Pour l'artisanat qui se veut esthétique ou porteur d'un message culturel, il revient aux ministères de la Culture et du Tourisme de conjuguer leurs réflexions pour concevoir des projets intégrés qui visent le développement de toutes les expressions artisanales. Il ne serait pas facile de présenter ici l'ensemble des problèmes qui se posent aujourd'hui à un secteur vital de l'économie nationale dans la mesure où il pourrait se faire porteur d'emplois et créateur de richesses économiques et culturelles.

Il faut qu'il y ait une volonté politique qui génère et entretienne de multiples efforts en faveur de la mise en place d'un projet pour la promotion d'un artisanat qui aille au-delà du mimétisme passif pour une innovation authentique, c'est-à-dire fondée sur une profonde connaissance du legs.

LIRE AUSSI: A la découverte de l'artisanat tunisie, par Rim Souissi


Que savons-nous de notre artisanat? Qu'avons-nous fait pour l'enrichir par les apports multiples de notre patrimoine archéologique et ethnographique? Pour ce faire, il convient d'interroger ce dont nos musées nationaux et régionaux se prévalent: des bijoux, des mosaïques, des sculptures, des terres cuites, des bronzes, des costumes, des coiffures, des chaussures, des meubles, des vases, des chapeaux, des couffins et tout ce qui contribue à faire la chaine et la trame de la vie quotidienne.

Que doit-on faire pour que l'artisanat se développe et devienne une source de richesse pour l'économie nationale et un fertilisant pour la culture?

Des centres scientifiques et des laboratoires sectoriels, nationaux et régionaux, destinés à promouvoir la connaissance, la réhabilitation et la rénovation de tous les secteurs de l'artisanat tunisien: tapisserie, bijouterie, architecture, poterie, boiserie, ébénisterie, coroplastie, bijouterie, ferronnerie, vannerie, sparterie, parfumerie, etc.

L'artisan se doit de rejeter le statut de l'imitateur au profit d'un statut de créateur. Pour y parvenir, il lui faut étoffer et nourrir son imaginaire. C'est aux musées qu'il se ressource: les mosaïques, les sculptures, les figurines de terre cuites se proposent comme les produits d'un passé qui séduit, stimule et féconde.

Pour enrichir l'imaginaire des artisanes et des artisans, il faut concevoir et réaliser à leur intention des visites ciblées, des colloques et tables rondes, afin de leur présenter les collections, les nommer en leur recommandant de bien retenir les noms des objets et des motifs de leur décoration. Les artisanes et les artisans, qu'ils travaillent la laine, le bois, la pierre, le métal ou l'argile, doivent bien connaître et nommer les composantes de leurs répertoires iconographiques, autrement les images qu'ils reproduisent risquent de s'abâtardir et devenir indéfinissables, ce qui ne favoriserait guère la promotion d'un artisanat innovant.

Comment l'artisan peut-il avoir la fierté et se donner le plaisir de l'ouvrage bien fait, quand le nom, l'origine et le sens de l'image qu'il tisse, grave ou peint lui échappent? Aussi faut-il prévoir des structures qui permettraient de faire le corpus de tous les secteurs de l'artisanat tant pour l'origine que pour la morphologie et la sémantique de l'objet et du motif qui lui sert de décoration.

Peut-être faut-il ajouter que les ministères de la Culture et du Tourisme doivent œuvrer à la réalisation d'un musée national de l'artisanat pour la conservation du patrimoine, le ressourcement des artisanes et des artisanes et l'enrichissement de la palette touristique.

Mais pour se connaître et se réaliser, l'artisan a sûrement besoin de connaître les produits et les soucis de son confrère dans les autres pays de la Méditerranée et du reste du monde pour un mutuel enrichissement en vue de promouvoir une conscience artisanale à l'échelle mondiale au profit de tous les artisans du globe.

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