Il est vrai que la politique est l'art de tous les possibles et que, pour parvenir à leurs fins, les politiciens sont prêts à user de toutes les ficelles et à abuser de tous les moyens, dans la mesure où la fin justifie les moyens. Cependant, quand un politicien se permet de débiter des mensonges grossiers qui apparaissent aux yeux de tous cousus de fil blanc, on se demande s'il est naïf ou simplement sénile, ou s'il imagine que le peuple en général - ou nous ses descendants en particulier - ont la mémoire si courte.
Ainsi, la famille Bourguiba avait refusé de prendre en charge l'un de ses membres le plus illustre, si bien que Ben Ali s'était trouvé dans l'obligation d'assumer cette responsabilité? Allons donc! Qui pourrait croire à ce canular de mauvais goût? Le peuple tunisien qui avait été empêché d'assister aux funérailles du père de la Nation moderne? Qui avait été privé de faire son deuil puisqu'il n'avait même pas pu suivre la cérémonie des obsèques à la télévision? Ou nous membres de sa famille auxquels Zaba et ses affidés avaient interdit tout contact avec le Président? Ou peut-être ce politicien chevronné qui avait usé ses culottes sur les bancs du RCD pouvait-il avaler cette couleuvre?
D'ailleurs, je me demande bien pourquoi ce dernier n'avait pas proposé à son maître à penser, à son comparse, de prendre lui-même Bourguiba en charge, puisqu'il semble aujourd'hui si fidèle à ses idées et ses principes et que les membres de sa famille avaient failli à leur devoir filial. Je me demande bien également pourquoi il ne les avait pas dénoncés ou traînés dans la boue, étant donné qu'ils avaient fait preuve d'un manquement inqualifiable et indigne envers leur illustre père, grand-père, oncle, ou grand-oncle. Ou pourquoi encore il n'avait pas proposé ses bons offices pour les rappeler à l'ordre.
Sa démarche humaine aurait été dans l'ordre des choses venant d'un médecin bien au fait de l'impact psychologique d'un isolement permanent, pour le moral d'une vieille personne, malade qui plus est.
En réalité, après sa destitution, Bourguiba fut ignoré, oublié, négligé par tous les Tunisiens. Que ce soit par ses anciens ministres (ou du moins par certains d'entre eux), par ses propres concitoyens qu'il avait libérés du joug de la puissance colonisatrice ou par ses propres concitoyennes qu'il avait affranchies du carcan de la tradition patriarcale. Seuls quelques membres de sa famille et certains ministres qui se reconnaîtront lui étaient demeurés fidèles.
Par ailleurs, la rancune de Ben Ali fut pernicieuse et profonde: il l'avait entièrement isolé, coupé du monde, empêchant sa famille et ses anciens amis de lui rendre visite, de s'occuper de lui, de lui apporter réconfort et chaleur. Aux premiers jours de sa destitution, personne ne pouvait lui rendre visite, ni le voir, même parmi les membres de sa famille - à part son fils. Pour pouvoir franchir le seuil de sa prison dorée, il fallait écrire une demande et attendre le bon vouloir du prince. Et les demandes adressées à Ben Ali demeuraient lettres mortes, vaines, il les ignorait bel et bien et ne prenait même pas la peine d'y répondre, ni positivement ni négativement.
Combien de fois avais-je emmené mon père (son neveu) devant le grand portail de sa résidence surveillée à Mornague, que je finis par détester parce que les deux battants restaient toujours hermétiquement clos, malgré les supplications de papa qui répétait sans cesse "Je veux voir mon oncle"? Mais le garde, qui prenait son rôle trop au sérieux, et obéissait certainement aux instructions de ses supérieurs, se contentait de hocher la tête de gauche à droite, pour lui signifier une fin de non recevoir.
Je n'oublierai jamais les larmes qui coulaient de ses beaux yeux, si semblables à ceux du Président Bourguiba, quand le garde-chiourme, lui refusait la faveur de rendre visite à son oncle. Je n'oublierai pas non plus qu'il est décédé l'été 88, sans pouvoir lui rendre visite, profondément affecté par le sort que Zaba avait réservé au Combattant suprême. Il ne sut jamais que Ben Ali avait finalement accédé, partiellement, au désir de Bourguiba et qu'il l'avait transféré à Monastir, comme il en avait formulé le souhait. Et, en outre, que son incarcération fut légèrement adoucie puisque son successeur ingrat consentit enfin à entrebâiller les volets impénétrables de la vaste prison, juste après ce décès qui nous avait totalement bouleversés.
Du reste, les membres de la famille appartenant à la première génération furent autorisés à lui rendre visite lors des fêtes nationales ou religieuses. Nous-mêmes appartenant à la deuxième génération, nous avions pu le voir seulement à partir de l'été 1999.
Cependant, les cerbères de Zaba, initiés par leur maître, avaient toujours refusé que les membres de sa famille le gâtent ou adoucissent sa solitude par de menus présents ou de délicates attentions. C'est ainsi que, pour célébrer son anniversaire, sa nièce s'était dévouée et lui avait préparé un plat typiquement monastirien, le couscous au cherkaw, pour le lui offrir à cette occasion. C'était compter sans l'intransigeance inébranlable de son perfide successeur. Ses instructions étaient catégoriques et péremptoires: Rien ne devait franchir le seuil de la forteresse inexpugnable! Pas même son plat préféré dont il raffolait.
Et savez-vous quel prétexte fut évoqué par la sentinelle incorruptible? "Nous ne pouvons pas permettre à quiconque d'introduire de la nourriture au Président, nous craignons pour sa vie". Voilà la réponse hypocrite que ce tartempion imperturbable avait servie au propre fils de Habib Bourguiba. Je vous laisse savourer la pertinence de cette échappatoire improbable.
C'est cette vérité que le grand Ben Ali, qui avait endossé la lourde responsabilité de s'occuper de son prédécesseur comme et à la place de son propre fils (sic!), voulait cacher à tous les Tunisiens et que vous avez feint de croire pour préserver vos privilèges.
Oui, c'est la réalité que vous avez feint d'ignorer et que vous édulcorez aujourd'hui pour vous racheter une virginité aux yeux des Tunisiens. Cependant, nous, membres de la famille Bourguiba et ses parents alliés, nous ne pouvons pas permettre de passer sous silence une contrevérité qui engage nos valeurs et nos principes et nous tenons à apporter ces précisions nécessaires.
Ainsi, la famille Bourguiba avait refusé de prendre en charge l'un de ses membres le plus illustre, si bien que Ben Ali s'était trouvé dans l'obligation d'assumer cette responsabilité? Allons donc! Qui pourrait croire à ce canular de mauvais goût? Le peuple tunisien qui avait été empêché d'assister aux funérailles du père de la Nation moderne? Qui avait été privé de faire son deuil puisqu'il n'avait même pas pu suivre la cérémonie des obsèques à la télévision? Ou nous membres de sa famille auxquels Zaba et ses affidés avaient interdit tout contact avec le Président? Ou peut-être ce politicien chevronné qui avait usé ses culottes sur les bancs du RCD pouvait-il avaler cette couleuvre?
D'ailleurs, je me demande bien pourquoi ce dernier n'avait pas proposé à son maître à penser, à son comparse, de prendre lui-même Bourguiba en charge, puisqu'il semble aujourd'hui si fidèle à ses idées et ses principes et que les membres de sa famille avaient failli à leur devoir filial. Je me demande bien également pourquoi il ne les avait pas dénoncés ou traînés dans la boue, étant donné qu'ils avaient fait preuve d'un manquement inqualifiable et indigne envers leur illustre père, grand-père, oncle, ou grand-oncle. Ou pourquoi encore il n'avait pas proposé ses bons offices pour les rappeler à l'ordre.
Sa démarche humaine aurait été dans l'ordre des choses venant d'un médecin bien au fait de l'impact psychologique d'un isolement permanent, pour le moral d'une vieille personne, malade qui plus est.
En réalité, après sa destitution, Bourguiba fut ignoré, oublié, négligé par tous les Tunisiens. Que ce soit par ses anciens ministres (ou du moins par certains d'entre eux), par ses propres concitoyens qu'il avait libérés du joug de la puissance colonisatrice ou par ses propres concitoyennes qu'il avait affranchies du carcan de la tradition patriarcale. Seuls quelques membres de sa famille et certains ministres qui se reconnaîtront lui étaient demeurés fidèles.
Par ailleurs, la rancune de Ben Ali fut pernicieuse et profonde: il l'avait entièrement isolé, coupé du monde, empêchant sa famille et ses anciens amis de lui rendre visite, de s'occuper de lui, de lui apporter réconfort et chaleur. Aux premiers jours de sa destitution, personne ne pouvait lui rendre visite, ni le voir, même parmi les membres de sa famille - à part son fils. Pour pouvoir franchir le seuil de sa prison dorée, il fallait écrire une demande et attendre le bon vouloir du prince. Et les demandes adressées à Ben Ali demeuraient lettres mortes, vaines, il les ignorait bel et bien et ne prenait même pas la peine d'y répondre, ni positivement ni négativement.
Combien de fois avais-je emmené mon père (son neveu) devant le grand portail de sa résidence surveillée à Mornague, que je finis par détester parce que les deux battants restaient toujours hermétiquement clos, malgré les supplications de papa qui répétait sans cesse "Je veux voir mon oncle"? Mais le garde, qui prenait son rôle trop au sérieux, et obéissait certainement aux instructions de ses supérieurs, se contentait de hocher la tête de gauche à droite, pour lui signifier une fin de non recevoir.
Je n'oublierai jamais les larmes qui coulaient de ses beaux yeux, si semblables à ceux du Président Bourguiba, quand le garde-chiourme, lui refusait la faveur de rendre visite à son oncle. Je n'oublierai pas non plus qu'il est décédé l'été 88, sans pouvoir lui rendre visite, profondément affecté par le sort que Zaba avait réservé au Combattant suprême. Il ne sut jamais que Ben Ali avait finalement accédé, partiellement, au désir de Bourguiba et qu'il l'avait transféré à Monastir, comme il en avait formulé le souhait. Et, en outre, que son incarcération fut légèrement adoucie puisque son successeur ingrat consentit enfin à entrebâiller les volets impénétrables de la vaste prison, juste après ce décès qui nous avait totalement bouleversés.
Du reste, les membres de la famille appartenant à la première génération furent autorisés à lui rendre visite lors des fêtes nationales ou religieuses. Nous-mêmes appartenant à la deuxième génération, nous avions pu le voir seulement à partir de l'été 1999.
Cependant, les cerbères de Zaba, initiés par leur maître, avaient toujours refusé que les membres de sa famille le gâtent ou adoucissent sa solitude par de menus présents ou de délicates attentions. C'est ainsi que, pour célébrer son anniversaire, sa nièce s'était dévouée et lui avait préparé un plat typiquement monastirien, le couscous au cherkaw, pour le lui offrir à cette occasion. C'était compter sans l'intransigeance inébranlable de son perfide successeur. Ses instructions étaient catégoriques et péremptoires: Rien ne devait franchir le seuil de la forteresse inexpugnable! Pas même son plat préféré dont il raffolait.
Et savez-vous quel prétexte fut évoqué par la sentinelle incorruptible? "Nous ne pouvons pas permettre à quiconque d'introduire de la nourriture au Président, nous craignons pour sa vie". Voilà la réponse hypocrite que ce tartempion imperturbable avait servie au propre fils de Habib Bourguiba. Je vous laisse savourer la pertinence de cette échappatoire improbable.
C'est cette vérité que le grand Ben Ali, qui avait endossé la lourde responsabilité de s'occuper de son prédécesseur comme et à la place de son propre fils (sic!), voulait cacher à tous les Tunisiens et que vous avez feint de croire pour préserver vos privilèges.
Oui, c'est la réalité que vous avez feint d'ignorer et que vous édulcorez aujourd'hui pour vous racheter une virginité aux yeux des Tunisiens. Cependant, nous, membres de la famille Bourguiba et ses parents alliés, nous ne pouvons pas permettre de passer sous silence une contrevérité qui engage nos valeurs et nos principes et nous tenons à apporter ces précisions nécessaires.
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