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Pour une refonte du système politique algérien

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En 1999, il est élu Président de l'Algérie sous le signe de la réconciliation nationale. En 2004, il est ré-élu pour consolider la concorde civile. En 2009, il est ré-ré-élu à 90,24% des voix.

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Photo: Kamel Yahiaoui, "J'y suis, j'y reste"



Ce troisième mandat s'inscrivait dans l'esprit de la continuité, c'est-à-dire pour parachever "la réconciliation des Algériens avec eux-mêmes". En 2014, à l'âge de soixante dix-sept ans, il se re-présente pour un quatrième mandat sous l'égide du Front de Libération Nationale (FLN) et ce, malgré la détérioration de son état de santé et l'opposition d'une partie de la société civile.

Lui? Abdelaziz Bouteflika!

Sa Majesté, le "Président" ad Vitam Eternam; l'artisan du changement à reculons; "l'homme providentiel" qui joue le rôle d'un trait d'union qui sépare plus qu'il n'unit; le "réconciliateur" de l'inconciliable qui s'accroche à l'Algérie comme une moule à son rocher.

Lors de sa dernière campagne électorale, en 1999, il avait promis de réaliser le redressement national et d'instaurer la bonne entente et la paix entre les Algériens. Il a usé de tous les moyens pour convaincre les masses qui, après plusieurs années de violence et de terreur, aspiraient à vivre dans la paix, la justice, la dignité et la prospérité.

Pendant plus de deux mois, cet "Algérien trotter" a passé son temps à sillonner les villes pour répandre la bonne parole, distribuer les bons points, promettre des mesures, des dispositifs et des projets de développement: "Effacement de la dette de 41 milliards des éleveurs et agriculteurs", "augmentation de l'Allocation forfaitaire de solidarité et du salaire national minimum garanti (SNMG)", "création de trois millions d'emploi". Même les jeunes à l'avenir incertain, ces éternels candidats à l'émigration, ces futurs hypothétiques "harragas" (migrants clandestins), rongé par le désespoir ont eu leur part dans le programme du président sortant qui promettait "une formation, de l'emploi, un logement et l'ouverture du champ politique" à cette frange de la population.

Combien de personnes ont cru au verbe séducteur de cet orateur qui attire et leurre? Combien de femmes et d'hommes ont fait confiance à celui qui s'est présenté comme l'icône de "l'espérance" et de la paix?

Les élections présidentielles auront lieu le 17 avril 2014. Le troisième mandat est sur le point de s'achever. Qu'est-il advenu de ces promesses? Un bilan du mandat écoulé est-il prévu? Quelles sont les réalisations les plus importantes? Quelles sont les avancées? Qu'en est-il de la réalité socio-économique des Algériens? Que reste-t-il à accomplir, à améliorer? Par quels moyens? Quelles sont les orientations pour les années à venir?

Bien des années ont passé depuis 1962, date de l'indépendance de l'Algérie et la situation politique algérienne prend l'allure d'un funeste carnaval. L'enfermement du champ politique par une caste ethnico-politique a coupé les tenants du pouvoir de la réalité nationale et du peuple. Les manipulations politiques, la corruption ("la tchipa"), le clientélisme qui a contribué à enrichir un petit nombre de privilégiés, la médiocrité, la clochardisation, le mépris, le paternalisme, le nationalisme exacerbé sont légion dans ce pays.

Sur le plan socio-économique, le chômage de jeunes et des adultes bat son plein. La misère ne cesse de proliférer. Les esprits sont sclérosés. Les souffrances sont visibles à l'œil nu sur les corps des hommes et des femmes qui donnent l'impression qu'ils/elles avancent à reculons.

Dans les rues d'Alger, on a le sentiment que le nombre de mendiants, de sans domicile fixe (SDF), de personnes vivant dans la précarité et le dénuement le plus total augmente sans cesse. Les familles ayant des membres souffrant de pathologies mentales sont complètement démunies, désemparées en raison du manque voire de l'absence de dispositifs permettant une prise en charge adéquate et décente de ces malades.

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Les jeunes, hommes et femmes, n'aspirent qu'à partir! Le rêve migratoire qui symbolise l'espoir d'une vie meilleure ne cesse de hanter leur imaginaire. Face à l'injustice impossible à réparer, à l'absence de perspectives et à l'incapacité de la société à protéger ses citoyens, les plus désespérés ont recours à l'immolation par le feu. "Partir en fumée" sous le regard impuissant de témoins est selon le sociologue Smaïn Laacher, "un acte politique au sens premier du terme. Il prend la signification d'une dénonciation politique de l'injustice".

Le système médical est en constante détérioration. La qualité des soins est de moins en moins crédible. Le défaut de médicaments et de produits indispensables à des personnes atteintes de pathologies lourdes est de plus en plus fréquent. La liste des problèmes auxquels se retrouvent confrontés les Algériens est longue. Trop longue!

"Nous sommes des laissés pour compte», expliquent Hamid, Ourida, Salima et Said, quatre jeunes gens rencontrés lors de mon escapade à la Casbah d'Alger, lieu où la misère, la pauvreté, la précarité, le sentiment d'injustice, de dévalorisation et de non appartenance a investi le moindre recoin de ce lieu mythique y compris sur les murs des maisons impuissantes devant l'érosion du temps.

Alors que le président sortant s'apprête à se faire réélire pour un quatrième mandat, la rue grogne. A Béjaia et ses villages environnants, à Alger, à Tizi Ouzou, à Oran, à Tipaza, à Annaba et même à l'étranger, en France et au Canada, des Algériens et Algériennes crient haut et fort:

"Barakat! ça suffit!"

Pourtant, les tenants du pouvoir demeurent sourds et aveugles à la demande de citoyens algériens. La violence: intimidations, infiltrations, l'usage du gaz lacrymogène, provocations, arrestations est leur unique mode de communication.

S'opposer au quatrième mandat de Abdelaziz Bouteflika est une nécessité. Cependant, appeler de tous ses vœux à une refonte du système politico-socio-économique algérien ainsi qu'au renouvellement de la classe politique algérienne sur des bases nouvelles en lien avec les réalités des temps modernes et du monde contemporain est plus qu'une urgence. C'est un devoir citoyen!

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