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Tunisie: Carte blanche politico-médiatique pour Mehdi Jomâa

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"Les citoyens, sans être euphoriques, ont retrouvé le sourire - cela est perceptible sur les visages - et semblent vouloir adhérer aux "exigences" de Mehdi Jomâa et de son équipe", se félicite Tunis-Hebdo, dans sa dernière livraison.

Mais l'hebdomadaire francophone n'est pas totalement satisfait. "Les islamistes" n'auraient pas encore rendu les armes. "Reste que le chemin qui mène au "salut" n'est pas pavé que de bonnes intentions surtout de la part d'islamistes qui entendent garder leur pression sur le gouvernement à travers une Assemblée nationale constituante qui n'a plus aucune légitimité", poursuit l'éditorialiste.

Même son de cloche à Nida Tounes. Néji Jalloul, nouvelle recrue du parti considère "que le gouvernement Jomâa a besoin de sérénité et qu'on le laisse travailler loin des tiraillements politiques". Dans une déclaration à La Presse, Néji Jalloul estime en effet que ces "querelles politiques" ne feraient que retarder le travail du gouvernement.

Ces "islamistes", responsables selon Tunis-Hebdo des obstacles que pourrait rencontrer le gouvernement Jomâa, ont pourtant soutenu, avec leur allié Ettakatol, la nomination de Mehdi Jomâa, contre l'avis d'une grande partie de l'opposition, dont Nida Tounes.

"Pauvre M. Mehdi Jomâa"

Mais des partis de l'opposition se sont vite repris et les voix dissidentes se font rares. "Je voudrais remercier M. Mehdi Jomâa pour sa sincérité et sa franchise dans son évaluation de la situation", se réjouit Selma Baccar, dans une interview accordée à Tunis-Hebdo.

"Il a présenté en effet au peuple tunisien la situation telle qu'elle est. (...) Le nouveau chef de gouvernement a hérité d'une situation économique catastrophique et il ne peut plus rien promettre au peuple tunisien. (...) La Troïka n'a rien laissé à ce pauvre M. Mehdi Jomâa", déplore la députée et vice-présidente du groupe démocrate à l'Assemblée constituante.

LIRE AUSSI: Mehdi Jomâa dresse un tableau noir de la situation économique (VIDÉO)


Pourtant sur la toile, les internautes ne semblent pas avoir oublié que Mehdi Jomâa était lui-même ministre du gouvernement Larayedh.






Faut-il soutenir les grèves?

Dans l'éditorial (non signé) de La Presse dans sa livraison de mardi, l'UGTT serait face à un vrai "dilemme syndical". Les syndicalistes, selon l'éditorialiste, "se félicitent (...) du courage, de la franchise et de l'audace dont a fait montre le chef du gouvernement dans sa dernière interview télévisée, au cours de laquelle il a tout dévoilé au peuple".

Le quotidien La Presse s'interroge ensuite sur la pertinence des grèves observées ces derniers jours. "Faut-il soutenir ces grèves"? "Beaucoup d'observateurs pensent que certaines revendications sont exagérées", conclut l'auteur pour qui le pluralisme syndical complique la tâche du gouvernement Jomâa.

Des "observateurs" qui "pensent", il n'en fallait pas plus.

Un "comité de soutien" au gouvernement

Ainsi, pour permettre au gouvernement de travailler dans les meilleures conditions, le soutenir et "l'accompagner" dans sa tâche, plusieurs partis politiques réunis avec Houcine Abassi, Secrétaire général de l'UGTT, ont défendu l'idée de la création d'un "comité de soutien".

"Nous avons discuté avec Houcine Abassi des possibilités de mettre en place ce comité de soutien", a indiqué Mohamed Hamdi, Secrétaire général de l'Alliance démocratique, à Mosaïque FM.

"La plateforme du dialogue national est très large, il faudrait trouver une formule de travail plus restreinte et plus efficace, pour accompagner le gouvernement pendant cette période de transition", a-t-il précisé.

"Soutenir" et "accompagner" le gouvernement, est le nouveau mot d'ordre. Mais pour ce qui est du contrôle des actions gouvernementales, les détracteurs ne se bousculent plus au portillon.

"La quasi-unanimité autour de ce gouvernement a aussi facilité le rapide retour à la normale", se félicite le politologue Hamadi Redissi dans Le Quotidien, évoquant la récente levée de l'état de l'urgence. "La Tunisie est en train de vivre les bienfaits du consensus national", conclut le journal.

"L'amélioration de la situation sécuritaire est le résultat du travail qui a été fait avant", se défend Ali Larayedh.

LIRE AUSSI: La levée de l'état d'urgence, symbolique (et c'est tout)


Quelques voix dissidentes

Il reste cependant quelques voix qui s'élèvent contre le discours de Mehdi Jomâa. Dans une interview accordée à Tunis-Hebdo, Ali Chebbi conseiller économique de l'ancien Premier ministre Ali Larayedh monte au créneau.

"J'aurais souhaité que Mehdi Jomâa ne décrive pas l'état de l'économie en se basant sur des statistiques manquant de précision" pour décrire une situation "plus difficile qu'attendue", a fustigé Ali Chebbi, affirmant que la même administration détenait les statistiques liées aux équilibres budgétaires.

"Cette administration, ou bien elle offrait des statistiques erronées à l'ancien gouvernement dont faisait partie Mehdi Jomâa, et maintenant elle divulgue la 'vérité', ou bien c'est le contraire. Dans les deux cas, c'est un défaut notoire de professionnalisme qui frôle la manigance (sic)", a-t-il accusé.

Vindicatif, Ali Chebbi a déclaré que certaines annonces de Mehdi Jomâa ne sont que des "manoeuvres politiciennes" et a défendu le rendement de l'ancien gouvernement.

Il a par ailleurs précisé que "l'idée" d'un emprunt national n'était pas celle de Mehdi Jomâa mais qu'elle figurait déjà dans la Loi de finances 2014 élaborée par Elyes Fakhfakh, ancien ministre des Finances. "Il s'agit d'une mesure classique", a-t-il commenté.

Dans une interview accordée à l'Economiste Maghrébin, Karima Souid, députée Al Massar a estimé que le discours de Mehdi Jomâa lors de sa dernière interview était "en deçà des attentes".

"Plus de recrutements dans la fonction publique, gel des augmentations salariales, suppression progressive de la compensation, allusion à d’éminentes privatisations d’entreprises publiques", des annonces faites par le chef du gouvernement que la député déplore comme autant de conditions imposées par le FMI et autres bailleurs de fonds.

"La vraie démocratie c’est lorsque les politiques nationales sont construites en fonction des désirs et du bien-être du peuple et non pas pour assouvir la volonté d’autrui", a-t-elle conclu.

LIRE AUSSI: L'interview de Mehdi Jomaa vue par les internautes




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