Le secteur du tourisme en Tunisie n'en finit plus de s'enfoncer dans l'impasse de la dette. Il aura fallu trois ans pour que la dette impayée passe de 900 millions à 2.200 millions de TND. Une spirale infernale qui fragilise chaque jour un peu plus ce pilier de l'économie tunisienne (8% du PIB, 15% des emplois) et le met encore plus à la merci de tours opérateurs avides de prix cassés.
Prendre le problème à bras le corps est nécessaire. Nécessaire tout d'abord pour l'industrie et ses milliers de salariés. Il faut mettre en œuvre des solutions au cas par cas: pour les hôteliers qui ont la volonté de s'en sortir, il faut rééchelonner les dettes sur des durées suffisamment longues et à des taux d'intérêt plus adéquats. Certains projets pourraient même bénéficier d'appuis techniques et d'investissements supplémentaires pour maximiser leurs chances de redressement. En revanche, pour les hôtels sans avenir économique (et dont certains n'auraient sans doute pas dû sortir de terre), il faut prévoir des changements d'affectation (en appartements, bureaux, bâtiments administratifs, résidences médicalisées, etc, les idées ne manquent pas). Enfin, ceux qui n'auraient manifestement pas géré leur affaire avec l'intégrité et le professionnalisme requis, il serait logique qu'ils rendent des comptes.
Ensuite il est nécessaire d'alléger le fardeau de la dette pour les banques. Cette dette impayée, qui représente désormais près des 2/3 des crédits au secteur (contre 1/3 trois ans plus tôt), pèse en effet lourdement sur leur bilan et freine encore un peu plus leur capacité à financer l'économie. Là aussi, il faudra traiter au cas par cas. À un moment où les marges de manœuvre se font rares pour le système bancaire, toute solution destinée à régler le problème de la dette offrirait un véritable ballon d'oxygène.
Enfin, il est impératif de mettre fin à la spirale destructrice pour le bien de l'économie tunisienne toute entière. Un secteur du tourisme remis sur pied financièrement lui permettrait de renouer avec la rentabilité, avec tout ce qui s'en suit en termes d'innovation, de création d'emplois, d'apport de devises et d'image positive pour les étrangers qui viennent visiter le pays.
Pourquoi rien ne bouge? Si rien n'a été fait jusqu'à aujourd'hui pour endiguer le problème, c'est pour au moins trois raisons. La première tient au fait que, depuis le début de la révolution, la Constitution a focalisé, à juste titre, toute l'attention de la sphère politique. La seconde est que, quelle que soit la solution, cette dernière doit être concertée entre plusieurs ministères (tourisme, justice, finances), la Banque Centrale, la Fédération des Hôteliers Tunisiens et l'Association des Banques. Or la concertation prend du temps, surtout lorsque les ministres changent (4 ministres des finances et 3 ministres du tourisme en trois ans). La troisième a trait à un immobilisme qui est, il faut bien le dire, alimenté par quelques hôteliers et banquiers. Les premiers comptent bien continuer à profiter d'une situation de rente que leur confère le non-paiement de leur dette tandis que, pour les seconds, la remise à plat de certains crédits pourrait s'avérer problématique car elle entrainerait la suspension des agios réservés, des provisionnements additionnels, ou des taux d'intérêt revus à la baisse.
Les travaux constitutionnels ayant été achevés, un nouveau gouvernement de compétence ayant été nommé, avec notamment une Ministre du Tourisme qui semble résolument tournée vers l'action, il est désormais permis d'espérer que la question épineuse de l'endettement sera traitée en 2014.
Mais comment, justement, traiter la question? Dans les pays qui ont été confrontés à des problèmes similaires, la réponse a consisté le plus souvent à mettre en place soit une "bad bank" soit une "asset management company" (AMC).
Les "bad banks" sont efficaces à condition que le cadre légal (la loi sur les faillites) et institutionnel (les tribunaux) soient eux-mêmes efficaces. Les AMC sont quant à elles privilégiées lorsque la situation requiert une action rapide et lorsque l'environnement légal et institutionnel n'est pas adéquat. Les AMC sont en effet dotées de pouvoirs et de moyens financiers spécifiques leur permettant d'accélérer le processus de redressement et/ou de sortie des entreprises en difficulté dans un souci d'équité et de justice économique tant pour les créanciers que pour les débiteurs.
La Banque mondiale est persuadée que le secteur du tourisme tunisien a un avenir radieux. Le potentiel de croissance est d'autant plus vaste que de nombreuses niches restent, à ce jour, inexplorées. Même dans le tourisme balnéaire de masse, principale offre de produit de la Tunisie, il reste des marges de progression importantes. Simplement, cet avenir pour le secteur ne pourra se concrétiser que sur des bases financières assainies.
Prendre le problème à bras le corps est nécessaire. Nécessaire tout d'abord pour l'industrie et ses milliers de salariés. Il faut mettre en œuvre des solutions au cas par cas: pour les hôteliers qui ont la volonté de s'en sortir, il faut rééchelonner les dettes sur des durées suffisamment longues et à des taux d'intérêt plus adéquats. Certains projets pourraient même bénéficier d'appuis techniques et d'investissements supplémentaires pour maximiser leurs chances de redressement. En revanche, pour les hôtels sans avenir économique (et dont certains n'auraient sans doute pas dû sortir de terre), il faut prévoir des changements d'affectation (en appartements, bureaux, bâtiments administratifs, résidences médicalisées, etc, les idées ne manquent pas). Enfin, ceux qui n'auraient manifestement pas géré leur affaire avec l'intégrité et le professionnalisme requis, il serait logique qu'ils rendent des comptes.
Ensuite il est nécessaire d'alléger le fardeau de la dette pour les banques. Cette dette impayée, qui représente désormais près des 2/3 des crédits au secteur (contre 1/3 trois ans plus tôt), pèse en effet lourdement sur leur bilan et freine encore un peu plus leur capacité à financer l'économie. Là aussi, il faudra traiter au cas par cas. À un moment où les marges de manœuvre se font rares pour le système bancaire, toute solution destinée à régler le problème de la dette offrirait un véritable ballon d'oxygène.
Enfin, il est impératif de mettre fin à la spirale destructrice pour le bien de l'économie tunisienne toute entière. Un secteur du tourisme remis sur pied financièrement lui permettrait de renouer avec la rentabilité, avec tout ce qui s'en suit en termes d'innovation, de création d'emplois, d'apport de devises et d'image positive pour les étrangers qui viennent visiter le pays.
Pourquoi rien ne bouge? Si rien n'a été fait jusqu'à aujourd'hui pour endiguer le problème, c'est pour au moins trois raisons. La première tient au fait que, depuis le début de la révolution, la Constitution a focalisé, à juste titre, toute l'attention de la sphère politique. La seconde est que, quelle que soit la solution, cette dernière doit être concertée entre plusieurs ministères (tourisme, justice, finances), la Banque Centrale, la Fédération des Hôteliers Tunisiens et l'Association des Banques. Or la concertation prend du temps, surtout lorsque les ministres changent (4 ministres des finances et 3 ministres du tourisme en trois ans). La troisième a trait à un immobilisme qui est, il faut bien le dire, alimenté par quelques hôteliers et banquiers. Les premiers comptent bien continuer à profiter d'une situation de rente que leur confère le non-paiement de leur dette tandis que, pour les seconds, la remise à plat de certains crédits pourrait s'avérer problématique car elle entrainerait la suspension des agios réservés, des provisionnements additionnels, ou des taux d'intérêt revus à la baisse.
Les travaux constitutionnels ayant été achevés, un nouveau gouvernement de compétence ayant été nommé, avec notamment une Ministre du Tourisme qui semble résolument tournée vers l'action, il est désormais permis d'espérer que la question épineuse de l'endettement sera traitée en 2014.
Mais comment, justement, traiter la question? Dans les pays qui ont été confrontés à des problèmes similaires, la réponse a consisté le plus souvent à mettre en place soit une "bad bank" soit une "asset management company" (AMC).
Les "bad banks" sont efficaces à condition que le cadre légal (la loi sur les faillites) et institutionnel (les tribunaux) soient eux-mêmes efficaces. Les AMC sont quant à elles privilégiées lorsque la situation requiert une action rapide et lorsque l'environnement légal et institutionnel n'est pas adéquat. Les AMC sont en effet dotées de pouvoirs et de moyens financiers spécifiques leur permettant d'accélérer le processus de redressement et/ou de sortie des entreprises en difficulté dans un souci d'équité et de justice économique tant pour les créanciers que pour les débiteurs.
La Banque mondiale est persuadée que le secteur du tourisme tunisien a un avenir radieux. Le potentiel de croissance est d'autant plus vaste que de nombreuses niches restent, à ce jour, inexplorées. Même dans le tourisme balnéaire de masse, principale offre de produit de la Tunisie, il reste des marges de progression importantes. Simplement, cet avenir pour le secteur ne pourra se concrétiser que sur des bases financières assainies.
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