Averti par une proche, que je remercie par le biais du présent billet, j'ai lu ces quelques lignes atroces que Zemmour, une fois n'est pas coutume, aurait prononcées sur le livre fondateur de l'Islam, le Coran. Il va de soi que le contexte international ne facilite pas la tâche que je vais entreprendre à travers ce billet. Il est cependant difficile de concevoir que Boko Haram, Al Qaeda et tous ces autres mouvements extrêmes relèvent de l'Islam. Ils relèvent de l'ignorance. Et tous les dignitaires religieux, quels qu'ils soient, soutiendront toujours la même chose.
Est-ce que les extrémistes bouddhistes qui assassinent ouvertement des Rohingyas ont compris l'essence même du Bouddhisme? Une réponse négative s'impose. Mais, alors, si l'on n'a pas compris l'essence même de la religion ou, en d'autres termes, ce qui constitue son centre névralgique, n'est-on pas dans l'ignorance totale? Une réponse positive s'impose. En réalité, les religions n'ont jamais appelé à la haine. Je ne suis pas de l'avis de ceux qui estiment que les personnes composant l'Inquisition étaient des chrétiens. La Bible n'a jamais appelé à brûler vifs les hérétiques.
La rhétorique est toujours la même et, à force, quelque peu épuisante: "c'est bien parce que le Coran contient ces doctrines que les musulmans sont comme ça". Et Zemmour de pourfendre, en grand connaisseur de l'Islam et de son livre, qu'il est grand temps que les musulmans abrogent certains passages du Coran pour se détacher de sa nature violente. C'est une douce suggestion que les musulmans refusent cordialement, et pour cause. Le Coran n'est pas violent. C'est toujours dans cette quête permanente de représentations, largement alimentée par les médias, que l'Islam a bon dos.
Plutôt que de s'aventurer à déployer des débats intellectuels à ne plus en finir, le mieux est que, Coran à l'appui, on démontre que ce livre ne contient rien de violent et que, le fait que ces groupes commettent les pires actes au nom d'une sublime religion n'est que le fait d'ignares sans grand intérêt auxquels on donne grande presse plutôt que de véritables musulmans. Il est en effet grand temps de trancher ce nœud gordien.
"Il n'y a pas de contrainte en religion"
Zemmour n'a jamais pris la peine de citer ce verset et pourtant, il est contenu dans la première sourate (qui elle-même se divise en deux chapitres) du Coran. Ce verset met en branle une première représentation qui est aujourd'hui presque devenue commune tant elle est répétée et appuyée en permanence: il n'existe pas de principe permettant de recourir à la force en matière religieuse dans l'Islam. Mais il ne s'agit pas là que d'un seul verset. Une multitude de versets coraniques vont en ce sens, sans qu'on en entende jamais parler. Au verset 100 du chapitre 10, il est affirmé:
Et le Coran également de poursuivre: "Repousse le mal avec ce qu'il y a de meilleur". En lisant de telles lignes, on est très loin du Coran qui horrifie littéralement Zemmour. Une des autres questions qui est aujourd'hui souvent soulevée, notamment depuis l'affaire Boko Haram, est celle des conversions forcées. L'Islam, selon certains, imposerait à tout être vivant sur la planète terre de se convertir et, à défaut, l'usage de "l'épée" (la mention de l'épée est volontaire pour montrer à quel point cette représentation façonnée depuis notre tendre enfance par Aladdin et Ali Baba est également foisonnante) est autorisé.
Encore une fois, le Coran répond à cette représentation par la réalité. Cette même réalité qui est inscrite au verset 140 du chapitre 2. Dans ce verset, il est affirmé:
Le Coran prévoit la liberté religieuse en matière de croyance et non l'imposition d'une croyance par la force. Cette même liberté qu'il a fallu attendre des siècles durant avant que la Déclaration universelle des droits de l'Homme la consacre au XXème siècle! Au temps de Muhammad, où l'Arabie était une vaste terre composée de personnes aux attitudes sociétales détestables, le Coran avait déjà gravé dans le marbre la liberté de religion. On ne voit pas, même si on confronte cette règle à l'époque moderne, en quoi certaines parties du Coran devraient être abrogées.
Les soi-disant versets "violents" contenus dans le Coran
Toute la question ici traite des versets en rapport avec ce qu'il faut appeler "la guerre sainte", bien que, si l'on devait suivre les avis de certains, il faudrait réformer le dictionnaire et y retirer tous les mots qui renvoient à une situation belliqueuse. Oui, l'Islam traite de la guerre comme beaucoup de traités internationaux traitent de la guerre, de ses implications et de ses conditions.
Mais la guerre n'est pas offensive; elle est strictement et purement défensive en Islam. Abstraction faite de toutes les applications qui sont faites des versets que nous allons ici étayer, il faut d'emblée préciser que ce sont les hommes qui doivent se réformer pas le Livre. Le Livre n'appelle pas à la guerre; il institue un corps de règles de base en matière de guerre défensive (ne pas tuer les enfants, les femmes, ne pas détruire les habitations, les lieux de culte etc.). Si les hommes ne sont pas à même de le comprendre et tentent, à des fins purement politiques, d'instrumentaliser le fait religieux, quelle est la faute du Livre? Aucune. On ne peut pas reprocher à la parole de Dieu les erreurs commises ouvertement par l'Homme. C'est l'ignorance de l'Homme qui l'amène à être extrême et non sa religion.
Revenons-en à la fameuse question de la guerre sainte. Cette dernière est prévue par le chapitre 60, versets 40 à 42 lesquels disposent:
Il faut désormais se plonger en situation pratique. Aujourd'hui, quel pays empêche aux musulmans de dire qu'Allah est unique? Non seulement la guerre est défensive mais en plus les musulmans devaient être les victimes des pires violations de leur liberté de religion. Aujourd'hui, la majorité des pays sauvegarde une liberté essentielle dans une société démocratique: la liberté de religion. La condition même de la guerre sainte n'est donc plus réunie.
Encore une fois, pas le Livre, mais les hommes. Il ne faut pas oublier que l'Islam est une religion pacifique qui vise à donner à l'Homme des standards moraux d'une qualité exceptionnelle. Il ne s'agit pas de transformer des hommes en bêtes. Par ailleurs, si les hommes se comportent en tant que bêtes sauvages, il ne sied pas de critiquer le Livre qui n'a jamais donné carte blanche à tels actes. Il faut arrêter de lire l'actualité de manière totalement biaisée et simpliste. Les choses ne se comprennent pas en sortant deux versets de tout contexte et en les présentant aux yeux du monde comme ceux qui fondent une religion. Tout comme je tiens à préciser que le Coran ne se limite pas à ces quelques versets. Il est riche de plusieurs centaines de pages.
Je pourrais encore développer indéfiniment tous ces arguments; mais il s'agit d'un billet et pas d'un ouvrage. En conséquence, Monsieur Zemmour, ce n'est pas le Coran qui doit changer; ce sont les hommes qui doivent se réformer.
Remerciements - Ichou Fatna
Est-ce que les extrémistes bouddhistes qui assassinent ouvertement des Rohingyas ont compris l'essence même du Bouddhisme? Une réponse négative s'impose. Mais, alors, si l'on n'a pas compris l'essence même de la religion ou, en d'autres termes, ce qui constitue son centre névralgique, n'est-on pas dans l'ignorance totale? Une réponse positive s'impose. En réalité, les religions n'ont jamais appelé à la haine. Je ne suis pas de l'avis de ceux qui estiment que les personnes composant l'Inquisition étaient des chrétiens. La Bible n'a jamais appelé à brûler vifs les hérétiques.
La rhétorique est toujours la même et, à force, quelque peu épuisante: "c'est bien parce que le Coran contient ces doctrines que les musulmans sont comme ça". Et Zemmour de pourfendre, en grand connaisseur de l'Islam et de son livre, qu'il est grand temps que les musulmans abrogent certains passages du Coran pour se détacher de sa nature violente. C'est une douce suggestion que les musulmans refusent cordialement, et pour cause. Le Coran n'est pas violent. C'est toujours dans cette quête permanente de représentations, largement alimentée par les médias, que l'Islam a bon dos.
Plutôt que de s'aventurer à déployer des débats intellectuels à ne plus en finir, le mieux est que, Coran à l'appui, on démontre que ce livre ne contient rien de violent et que, le fait que ces groupes commettent les pires actes au nom d'une sublime religion n'est que le fait d'ignares sans grand intérêt auxquels on donne grande presse plutôt que de véritables musulmans. Il est en effet grand temps de trancher ce nœud gordien.
"Il n'y a pas de contrainte en religion"
Zemmour n'a jamais pris la peine de citer ce verset et pourtant, il est contenu dans la première sourate (qui elle-même se divise en deux chapitres) du Coran. Ce verset met en branle une première représentation qui est aujourd'hui presque devenue commune tant elle est répétée et appuyée en permanence: il n'existe pas de principe permettant de recourir à la force en matière religieuse dans l'Islam. Mais il ne s'agit pas là que d'un seul verset. Une multitude de versets coraniques vont en ce sens, sans qu'on en entende jamais parler. Au verset 100 du chapitre 10, il est affirmé:
"Et si Ton Seigneur avait imposé Sa Volonté, assurément tous ceux qui sont sur la terre auraient cru, ensemble. Veux-tu donc forcer les Hommes à devenir croyants?"
Et le Coran également de poursuivre: "Repousse le mal avec ce qu'il y a de meilleur". En lisant de telles lignes, on est très loin du Coran qui horrifie littéralement Zemmour. Une des autres questions qui est aujourd'hui souvent soulevée, notamment depuis l'affaire Boko Haram, est celle des conversions forcées. L'Islam, selon certains, imposerait à tout être vivant sur la planète terre de se convertir et, à défaut, l'usage de "l'épée" (la mention de l'épée est volontaire pour montrer à quel point cette représentation façonnée depuis notre tendre enfance par Aladdin et Ali Baba est également foisonnante) est autorisé.
Encore une fois, le Coran répond à cette représentation par la réalité. Cette même réalité qui est inscrite au verset 140 du chapitre 2. Dans ce verset, il est affirmé:
"Dis: allez-vous débattre au sujet d'Allah alors qu'Il est notre Seigneur et le vôtre aussi? A nous nos œuvres et à vous les vôtres; et c'est à Lui que nous sommes sincèrement dévoués".
Le Coran prévoit la liberté religieuse en matière de croyance et non l'imposition d'une croyance par la force. Cette même liberté qu'il a fallu attendre des siècles durant avant que la Déclaration universelle des droits de l'Homme la consacre au XXème siècle! Au temps de Muhammad, où l'Arabie était une vaste terre composée de personnes aux attitudes sociétales détestables, le Coran avait déjà gravé dans le marbre la liberté de religion. On ne voit pas, même si on confronte cette règle à l'époque moderne, en quoi certaines parties du Coran devraient être abrogées.
Les soi-disant versets "violents" contenus dans le Coran
Toute la question ici traite des versets en rapport avec ce qu'il faut appeler "la guerre sainte", bien que, si l'on devait suivre les avis de certains, il faudrait réformer le dictionnaire et y retirer tous les mots qui renvoient à une situation belliqueuse. Oui, l'Islam traite de la guerre comme beaucoup de traités internationaux traitent de la guerre, de ses implications et de ses conditions.
Mais la guerre n'est pas offensive; elle est strictement et purement défensive en Islam. Abstraction faite de toutes les applications qui sont faites des versets que nous allons ici étayer, il faut d'emblée préciser que ce sont les hommes qui doivent se réformer pas le Livre. Le Livre n'appelle pas à la guerre; il institue un corps de règles de base en matière de guerre défensive (ne pas tuer les enfants, les femmes, ne pas détruire les habitations, les lieux de culte etc.). Si les hommes ne sont pas à même de le comprendre et tentent, à des fins purement politiques, d'instrumentaliser le fait religieux, quelle est la faute du Livre? Aucune. On ne peut pas reprocher à la parole de Dieu les erreurs commises ouvertement par l'Homme. C'est l'ignorance de l'Homme qui l'amène à être extrême et non sa religion.
Revenons-en à la fameuse question de la guerre sainte. Cette dernière est prévue par le chapitre 60, versets 40 à 42 lesquels disposent:
"La permission de se battre est accordée à ceux contre qui la guerre est faite, parce qu'ils ont été injustement traités -et Allah a assurément le pouvoir de les aider- ceux qui ont été injustement chassés de leurs habitations, seulement parce qu'ils ont dit: "Notre Seigneur est Allah". Et si Allah ne repoussait pas certains hommes par d'autres, les cloîtres auraient assurément été démolis, ainsi que les églises, les synagogues et les mosquées où le nom d'Allah est souvent mentionné. Allah aide assurément celui qui L'aide. Allah est, en vérité, Puissant, Fort. Ceux qui, si Nous les établissons sur la terre, observeront les prières, et payeront l'impôt, et enjoindront le bien et interdiront le mal. Et c'est sur Allah que repose la fin des affaires."
Il faut désormais se plonger en situation pratique. Aujourd'hui, quel pays empêche aux musulmans de dire qu'Allah est unique? Non seulement la guerre est défensive mais en plus les musulmans devaient être les victimes des pires violations de leur liberté de religion. Aujourd'hui, la majorité des pays sauvegarde une liberté essentielle dans une société démocratique: la liberté de religion. La condition même de la guerre sainte n'est donc plus réunie.
Encore une fois, pas le Livre, mais les hommes. Il ne faut pas oublier que l'Islam est une religion pacifique qui vise à donner à l'Homme des standards moraux d'une qualité exceptionnelle. Il ne s'agit pas de transformer des hommes en bêtes. Par ailleurs, si les hommes se comportent en tant que bêtes sauvages, il ne sied pas de critiquer le Livre qui n'a jamais donné carte blanche à tels actes. Il faut arrêter de lire l'actualité de manière totalement biaisée et simpliste. Les choses ne se comprennent pas en sortant deux versets de tout contexte et en les présentant aux yeux du monde comme ceux qui fondent une religion. Tout comme je tiens à préciser que le Coran ne se limite pas à ces quelques versets. Il est riche de plusieurs centaines de pages.
Je pourrais encore développer indéfiniment tous ces arguments; mais il s'agit d'un billet et pas d'un ouvrage. En conséquence, Monsieur Zemmour, ce n'est pas le Coran qui doit changer; ce sont les hommes qui doivent se réformer.
Remerciements - Ichou Fatna
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